Gargantua. Page_ 4 Prologue
Retour
Tel disoit estre Socrates : par ce que le voyans au dehors , et l' estimans par l' exteriore apparence , n' en eussiez donne un coupeau d' oignon : tant laid il estoit de corps et ridicule en son maintien , le nez pointu , le reguard d' un taureau : le visaige d' un fol : simple en meurs rustiq en vestimens , pauvre de fortune , infortune en femmes , inepte a tous offices de la republique , tousjours riant , tousjours beuvant d' autant a un chascun , tousjours se guabelant , tousjours dissimulant son divin scavoir , Mais ouvrans ceste boyte : eussiez au dedans trouve une celeste et impreciable drogue entendement plus que humain , vertus merveilleuse , couraige invincible , sobresse non pareille , contentement certain , asseurance parfaicte , deprisement incroyable de tout ce pourquoy les humains tant veiglent , courent , travaillent navigent et bataillent . A quel propos , en voustre advis , tend ce prelude , et coup d' essay ? Par autant que vous mes bons disciples , et quelques aultres foulz de sejour lisans les joyeux tiltres d' aulcuns livres de nostre invention comme Gargantua , Pantagruel , Fessepinte , La dignite des braguettes , Des poys au lard cum commento etc . jugez trop facillement ne estre au dedans traicte que mocqueries , folateries , et menteries joyeuses : veu que l' ensigne exteriore ( c' est le tiltre ) sans plus avant enquerir , est communement receue a derision et gaudisserie .
Retour