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- Du moment , monsieur , où une jeune personne a recours aux actes respectueux , elle annonce une intention trop décidée pour qu' un père et - une mère , ajouta - t - il en se tournant vers la baronne , puissent espérer de lui voir suivre leurs avis . - La résistance paternelle étant alors nulle - par ce fait - d' abord , - puis étant infirmée par la loi , il est constant que tout homme sage , après avoir fait une dernière remontrance à son enfant , lui donne la liberté de ... "
M . Roguin s' arrêta en s' apercevant qu' il pouvait parler deux heures ainsi sans obtenir de réponse , et il éprouva d' ailleurs une émotion particulière à l' aspect de l' homme qu' il essayait de convertir . Il s' était fait une révolution extraordinaire sur le visage de Bartholoméo : toutes ses rides contractées lui donnaient un air de cruauté indéfinissable , et il jetait sur le notaire un regard de tigre .
La baronne demeurait muette et passive .
Ginevra , calme et résolue , attendait , elle savait que la voix du notaire était plus puissante que la sienne , et alors elle semblait s' être décidée à garder le silence .
Au moment où Roguin se tut , cette scène devint si effrayante que les témoins étrangers tremblèrent : jamais peut - être ils n' avaient été frappés par un semblable silence . Les notaires se regardèrent comme pour se consulter , se levèrent et allèrent ensemble à la croisée .
" As - tu jamais rencontré des clients fabriqués comme ceux - là , demanda Roguin à son confrère .
- Il n' y a rien à en tirer , répondit le plus jeune . A ta place , moi , je m' en tiendrais à la lecture de mon acte . Le vieux ne me paraît pas amusant , il est colère , et tu ne gagneras rien à vouloir discuter avec lui ... "
M . Roguin lut un papier timbré contenant un procès - verbal rédigé à l' avance et demanda froidement à Bartholoméo quelle était sa réponse .
" Il y a donc en France des lois qui détruisent le pouvoir paternel , demanda le Corse .
- Monsieur ... dit Roguin de sa voix mielleuse .
- Qui arrachent une fille à son père ?
- Monsieur ...
- Qui privent un vieillard de sa dernière consolation ?
- Monsieur , votre fille ne vous appartient que ...
- Qui le tuent ?
- Monsieur , permettez ? ... "

LA VENDETTA (I, privé)
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