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- Non ! s' écria la jeune fille en laissant échapper un geste de résolution , non , il ne sera pas dit que Ginevra Piombo aura menti une fois dans sa vie . " En entendant cette singulière exclamation , Piombo et sa femme regardèrent leur fille d' un air étonné .
" J' aime un jeune homme " , ajouta - t - elle d' une voix émue .
Puis , sans oser regarder ses parents , elle abaissa ses larges paupières , comme pour voiler le feu de ses yeux .
" Est - ce un prince ? lui demanda ironiquement son père en prenant un son de voix qui fit trembler la mère et la fille .
- Non , mon père , répondit - elle avec modestie , c' est un jeune homme sans fortune ...
- Il est donc bien beau ?
- Il est malheureux .
- Que fait - il ?
- Compagnon de Labédoyère , il était proscrit , sans asile , Servin l' a caché , et ...
- Servin est un honnête garçon qui s' est bien comporté , s' écria Piombo ; mais vous faites mal , vous , ma fille , d' aimer un autre homme que votre père ...
- Il ne dépend pas de moi de ne pas aimer , répondit doucement Ginevra .
- Je me flattais , reprit son père , que ma Ginevra me serait fidèle jusqu' à ma mort , que mes soins et ceux de sa mère seraient les seuls qu' elle aurait reçus , que notre tendresse n' aurait pas rencontré dans son âme de tendresse rivale , et que ...
- Vous ai - je reproché votre fanatisme pour Napoléon ? dit Ginevra . N' avez - vous aimé que moi ? n' avez - vous pas été des mois entiers en ambassade ? n' ai - je pas supporté courageusement vos absences ? La vie a des nécessités qu' il faut savoir subir .
- Ginevra !
- Non , vous ne m' aimez pas pour moi , et vos reproches trahissent un insupportable égoïsme .
- Tu accuses l' amour de ton père , s' écria Piombo les yeux flamboyants .

LA VENDETTA (I, privé)
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