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En effet , le bruit des pas d' une personne qui montait l' escalier retentit dans la salle . Ce mot : " La voici ! " passa de bouche en bouche , et le plus profond silence régna dans l' atelier .
Pour comprendre l' importance de l' ostracisme exercé par Amélie Thirion , il est nécessaire d' ajouter que cette scène avait lieu vers la fin du mois de juillet 1815 . Le second retour des Bourbons venait de troubler bien des amitiés qui avaient résisté au mouvement de la première restauration .
En ce moment les familles presque toutes divisées d' opinion , renouvelaient plusieurs de ces déplorables scènes qui souillent l' histoire de tous les pays aux époques de guerre civile ou religieuse .
Les enfants , les jeunes filles , les vieillards partageaient la fièvre monarchique à laquelle le gouvernement était en proie .
La discorde se glissait sous tous les toits , et la défiance teignait de ses sombres couleurs les actions et les discours les plus intimes . Ginevra Piombo aimait Napoléon avec idolâtrie , et comment aurait - elle pu le haïr ? l' Empereur était son compatriote et le bienfaiteur de son père .
Le baron de Piombo était un des serviteurs de Napoléon qui avaient coopéré le plus efficacement au retour de l' île d' Elbe .
Incapable de renier sa foi politique , jaloux même de la confesser , le vieux baron de Piombo restait à Paris au milieu de ses ennemis . Ginevra Piombo pouvait donc être d' autant mieux mise au nombre des personnes suspectes , qu' elle ne faisait pas mystère du chagrin que la seconde restauration causait à sa famille .
Les seules larmes qu' elle eût peut - être versées dans sa vie lui furent arrachées par la double nouvelle de la captivité de Bonaparte sur le Bellérophon et de l' arrestation de Labédoyère .
Les jeunes personnes qui composaient le groupe des nobles appartenaient aux familles royalistes les plus exaltées de Paris . Il serait difficile de donner une idée des exagérations de cette époque et de l' horreur que causaient les bonapartistes .

LA VENDETTA (I, privé)
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