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Du Bousquier s' appuya sur le sacerdoce par les trompeuses apparences d' une piété bien jouée : il accompagna sa femme à la messe , il donna de l' argent pour les couvents de la ville , il soutint la congrégation du Sacré - Coeur , il se prononça pour le clergé dans toutes les occasions où le clergé combattit la Ville , le Département ou l' État .
Secrètement soutenu par les Libéraux , protégé par l' Église , demeurant royaliste constitutionnel , il côtoya sans cesse l' aristocratie du département pour la ruiner , et il la ruina .
Attentif aux fautes commises par les sommités nobiliaires et par le gouvernement , il réalisa , la bourgeoisie aidant , toutes les améliorations que la Noblesse , la Pairie et le Ministère devaient inspirer , diriger , et qu' ils entravaient par suite de la niaise jalousie des pouvoirs en France .
L' opinion constitutionnelle l' emporta dans l' affaire du curé , dans l' érection du théâtre , dans toutes les questions d' agrandissement pressenties par du Bousquier , qui les faisait proposer par le parti libéral , auquel il s' adjoignait au plus fort des débats en objectant le bien du pays .
Du Bousquier industrialisa le département .
Il accéléra la prospérité de la province en haine des familles logées sur la route de Bretagne .
Il préparait ainsi sa vengeance contre les gens à châteaux , et surtout contre les d' Esgrignon , au sein desquels un jour il fut sur le point d' enfoncer un poignard envenimé .
Il donna des fonds pour relever les manufactures de point d' Alençon ; il aviva le commerce des toiles , la ville eut une filature . En s' inscrivant ainsi dans tous les intérêts et au coeur de la masse , en faisant ce que la Royauté ne faisait point , du Bousquier ne hasardait pas un liard .
Soutenu par sa fortune , il pouvait attendre les réalisations que souvent les gens entreprenants , mais gênés , sont forcés d' abandonner à d' heureux successeurs .
Il se posa comme banquier . Ce Laffitte au petit pied commanditait toutes les inventions nouvelles en prenant ses sûretés . Il faisait très bien ses affaires en faisant le bien public ; il était le moteur des assurances , le protecteur des nouvelles entreprises de voitures publiques ; il suggérait les pétitions pour demander à l' administration les chemins et les ponts nécessaires .
Ainsi prévenu , le gouvernement voyait un empiétement sur son autorité .

LA VIEILLE FILLE (IV, provinc)
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