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de Valois pour un homme d' une tenue supérieure , et dont les talents , comme ceux de beaucoup d' autres , se sont perdus dans un cercle étroit . Seulement , car il était homme enfin , le chevalier se permettait certaines oeillades incisives qui faisaient trembler les femmes ; néanmoins toutes l' aimèrent après avoir reconnu combien était profonde sa discrétion , combien il avait de sympathie pour les jolies faiblesses . La première ouvrière , le factotum de Mme Lardot , vieille fille de quarante - cinq ans , laide à faire peur , demeurait porte à porte avec le chevalier .
Au - dessus d' eux , il n' y avait plus que des mansardes où séchait le linge en hiver .
Chaque appartement se composait , comme celui du chevalier , de deux chambres éclairées , l' une sur la rue , l' autre sur la cour . Au - dessous du chevalier , demeurait un vieux paralytique , le grand - père de Mme Lardot , un ancien corsaire nommé Grévin , qui avait servi sous l' amiral Simeuse dans les Indes , et qui était sourd .
Quant à Mme Lardot , qui occupait l' autre logement du premier étage , elle avait un si grand faible pour les gens de condition , qu' elle pouvait passer pour aveugle à l' endroit du chevalier .
Pour elle , M . de Valois était un monarque absolu qui faisait tout bien .
Une de ses ouvrières aurait - elle été coupable d' un bonheur attribué au chevalier , elle eût dit : " Il est si aimable ! " Ainsi , quoique cette maison fût de verre , comme toutes les maisons de province , relativement à M .
de Valois elle était discrète comme une caverne de voleurs . Confident né des petites intrigues de l' atelier , le chevalier ne passait jamais devant la porte , qui la plupart du temps restait ouverte , sans donner quelque chose à ses petites chattes : du chocolat , des bonbons , des rubans , des dentelles , une croix d' or , toutes sortes de mièvreries dont raffolent les grisettes .
Aussi le bon chevalier était - il adoré de ces petites filles .
Les femmes ont un instinct qui leur fait deviner les hommes qui les aiment par cela seulement qu' elles portent une jupe , qui sont heureux d' être près d' elles , et qui ne pensent jamais à demander sottement l' intérêt de leur galanterie .
Les femmes ont sous ce rapport le flair du chien , qui dans une compagnie va droit à l' homme pour qui les bêtes sont sacrées .
Le pauvre chevalier de Valois conservait , de sa première vie , le besoin de protection galante qui distinguait autrefois le grand seigneur . Toujours fidèle au système de la petite maison , il aimait à enrichir les femmes , les seuls êtres qui sachent bien recevoir parce qu' ils peuvent toujours rendre .

LA VIEILLE FILLE (IV, provinc)
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