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Vous conviendrez qu' il n' y a pas beaucoup de partis qui puissent lutter avec lui . Vous êtes une petite ambitieuse , et vous avez raison , dit Zélie en apercevant le geste de dénégation vive que fit Ursule . Je viens vous demander votre main pour Désiré ; vous porterez le nom de votre parrain , ce sera l' honorer .
Désiré , comme vous l' avez pu voir , est un joli garçon ; il est très bien vu à Fontainebleau , le voilà bientôt procureur du roi . Vous êtes une enjôleuse , vous le ferez venir à Paris .
à Paris , nous vous donnerons un bel hôtel , vous brillerez , vous y jouerez un rôle , car avec soixante - douze mille francs de rente et les appointements d' une place , vous et Désiré vous serez de la plus haute société .
Consultez vos amis , et vous verrez ce qu' ils vous diront .
- Je n' ai besoin que de consulter mon coeur , madame .
- Ta , ta , ta ! vous allez me parler de ce petit casse - coeur de Savinien ? Parbleu ! vous achèterez bien cher son nom , ses petites moustaches relevées comme deux crocs , et ses cheveux noirs . Encore un joli cadet ! Vous irez loin avec un ménage , avec sept mille francs de rente , et un homme qui a fait cent mille francs de dettes en deux ans à Paris .
D' abord , vous ne savez pas ça encore , tous les hommes se ressemblent , mon enfant ! et , sans me flatter , mon Désiré vaut le fils d' un roi .
- Vous oubliez , madame , le danger que court monsieur votre fils en ce moment , et qui ne peut être détourné que par le désir qu' a M . de Portenduère de m' être agréable . Ce danger serait sans remède s' il apprenait que vous me faites des propositions déshonorantes ... Sachez , madame , que je me trouverai plus heureuse dans la médiocre fortune à laquelle vous faites allusion que dans l' opulence par laquelle vous voulez m' éblouir .
Par des raisons inconnues encore , car tout se saura , madame , M .
Minoret a mis au jour , en me persécutant odieusement , l' affection qui m' unit à M . de Portenduère et qui peut s' avouer , car sa mère la bénira sans doute : je dois donc vous dire que cette affection , permise et légitime , est toute ma vie .
Aucune destinée , quelque brillante , quelque élevée qu' elle puisse être , ne me fera changer .
J' aime sans retour ni changement possibles . Ce serait donc un crime dont je serais punie que d' épouser un homme à qui j' apporterais une âme toute à Savinien . Maintenant , madame , puisque vous m' y forcez , je vous dirai plus : je n' aimerais point M .

URSULE MIROUET (III, provinc)
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