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- Eh bien , quoi ? tout va bien , répliqua le notaire . Votre oncle a vendu ses rentes , et Mme de Portenduère m' a prié de passer chez elle pour signer une obligation de cent mille francs hypothéqués sur ses biens et prêtés par votre oncle .
- Oui , mais si les jeunes gens allaient se marier ?
- C' est comme si vous me disiez que Goupil est mon successeur , répondit le notaire .
- Les deux choses ne sont pas impossibles " , dit Goupil .
En revenant de la messe , la vieille dame fit dire par Tiennette à son fils de passer chez elle .
Cette petite maison avait trois chambres au premier étage . Celle de Mme de Portenduère et celle de feu son mari se trouvaient du même côté , séparées par un grand cabinet de toilette qu' éclairait un jour de souffrance , et réunies par une petite antichambre qui donnait sur l' escalier .
La fenêtre de l' autre chambre , habitée de tout temps par Savinien , était , comme celle de son père , sur la rue . L' escalier se développait derrière de manière à laisser pour cette chambre un petit cabinet éclairé par un oeil - de - boeuf sur la cour .
La chambre de Mme de Portenduère , la plus triste de toute la maison , avait vue sur la cour ; mais la veuve passait sa vie dans la salle au rez - de - chaussée , qui communiquait par un passage avec la cuisine , bâtie au fond de la cour ; en sorte que cette salle servait à la fois de salon et de salle à manger .
Cette chambre de feu M .
de Portenduère restait dans l' état où elle fut au jour de sa mort : il n' y avait que le défunt de moins . Mme de Portenduère avait fait elle - même le lit en mettant dessus l' habit de capitaine de vaisseau , l' épée , le cordon rouge , les ordres et le chapeau de son mari .
La tabatière d' or dans laquelle le vicomte prisa pour la dernière fois se trouvait sur la table de nuit avec son livre de prières , avec sa montre et la tasse dans laquelle il avait bu . Ses cheveux blancs , encadrés et disposés en une seule mèche roulée , étaient suspendus au - dessus du crucifix à bénitier placé dans l' alcôve .
Enfin les babioles dont il se servait , ses journaux , ses meubles , son crachoir hollandais , sa longue - vue de campagne accrochée à sa cheminée , rien n' y manquait .
La veuve avait arrêté le vieux cartel à l' heure de la mort , qu' il indiquait ainsi à jamais . On y sentait encore la poudre et le tabac du défunt .

URSULE MIROUET (III, provinc)
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