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" Je crois le docteur Minoret puissamment riche ...
- Tant mieux pour lui .
- Vous avez déjà très indirectement causé les malheurs actuels de votre fils en ne lui donnant pas de carrière , prenez garde à l' avenir ! dit sévèrement le curé . Dois - je annoncer votre visite à votre voisin ?
- Mais pourquoi , sachant que j' ai besoin de lui , ne viendrait - il pas ?
- Ah ! madame , en allant chez lui , vous payerez trois pour cent ; et , s' il vient chez vous , vous payerez cinq , dit le curé qui trouva cette belle raison afin de décider la vieille dame . Et si vous étiez forcée de vendre votre ferme par Dionis le notaire , par le greffier Massin , qui vous refuseraient des fonds en espérant profiter de votre désastre , vous perdriez la moitié de la valeur des Bordières .
Je n' ai pas la moindre influence sur des Dionis , des Massin , des Levrault , les gens riches du pays qui convoitent votre ferme et savent votre fils en prison .
- Ils le savent , ils le savent , s' écria - t - elle en levant les bras . Oh ! mon pauvre curé , vous avez laissez refroidir votre café ... Tiennette ! Tiennette ! "
Tiennette , une vieille Bretonne à casaquin et à bonnet breton , âgée de soixante ans , entra lestement et prit , pour le faire chauffer , le café du curé .
" Soyez paisible , monsieur le recteur , dit - elle en voyant que le curé voulait boire , je le mettrai dans le bain - marie , il ne deviendra point mauvais .
- Eh bien , reprit le curé de sa voix insinuante , j' irai prévenir M . le docteur de votre visite , et vous viendrez ... "
La vieille mère ne céda qu' après une heure de discussion , pendant laquelle le curé fut obligé de répéter dix fois ses arguments . Et encore l' altière Kergarouët ne fut - elle vaincue que par ces derniers mots : " Savinien irait !
- Il vaut mieux alors que ce soit moi " , dit - elle .

URSULE MIROUET (III, provinc)
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