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Puis les sentiments généreux , les qualités exquises de la femme ne se développent que par leur constant exercice ; en restant fille , une créature du sexe féminin n' est plus qu' un non - sens ; égoïste et froide , elle fait horreur .
Cet arrêt implacable est malheureusement trop juste pour que les vieilles filles en ignorant les motifs . Ces idées germent dans leur coeur aussi naturellement que les effets de leur triste vie se reproduisent dans leurs traits .
Donc elles se flétrissent , parce que l' expansion constante ou le bonheur qui épanouit la figure des femmes et jette tant de mollesse dans leurs mouvements n' a jamais existé chez elles .
Puis elles deviennent âpres et chagrines , parce qu' un être qui a manqué sa vocation est malheureux ; il souffre , et la souffrance engendre la méchanceté . En effet , avant de s' en prendre à elle - même de son isolement , une fille en accuse longtemps le monde .
De l' accusation à un désir de vengeance , il n' y a qu' un pas . Enfin , la mauvaise grâce répandue sur leurs personnes est encore un résultat nécessaire de leur vie .
N' ayant jamais senti le besoin de plaire , l' élégance , le bon goût leur restent étrangers . Elles ne voient qu' elles en elles - mêmes . Ce sentiment les porte insensiblement à choisir les choses qui leur sont commodes , au détriment de celles qui peuvent être agréables à autrui .
Sans se bien rendre compte de leur dissemblance avec les autres femmes , elles finissent par l' apercevoir et par en souffrir .
La jalousie est un sentiment indélébile dans les coeurs féminins . Les vieilles filles sont donc jalouses à vide , et ne connaissent que les malheurs de la seule passion que les hommes pardonnent au beau sexe , parce qu' elle les flatte .
Ainsi , torturées dans tous leurs voeux , obligées de se refuser aux développements de leur nature , les vieilles filles éprouvent toujours une gêne intérieure à laquelle elles ne s' habituent jamais .
N' est - il pas dur à tout âge , surtout pour une femme , de lire sur les visages un sentiment de répulsion , quand il est dans sa destinée de n' éveiller autour d' elle , dans les coeurs , que des sensations gracieuses ? Aussi le regard d' une vieille fille est - il toujours oblique , moins par modestie que par peur et honte .
Ces êtres ne pardonnent pas à la société leur position fausse , parce qu' ils ne se la pardonnent pas à eux - mêmes .

CURE DE TOURS (IV, provinc)
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