----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Quand elle revint au château , l' abbé Goujet et sa soeur étaient également assignés à la requête des accusés . Ils furent donc obligés de se rendre aussitôt à Troyes . Ainsi tous les personnages de ce drame , et même ceux qui n' en étalent en quelque sorte que les comparses , se trouvèrent réunis sur la scène où les destinées des deux familles se jouaient alors .
Il est très peu de localités en France où la Justice emprunte aux choses ce prestige qui devrait toujours l' accompagner . Après la religion et la royauté , n' est - elle pas la plus grande machine des sociétés ? Partout , et même à Paris , la mesquinerie du local , la mauvaise disposition des lieux , et le manque de décors chez la nation la plus vaniteuse et la plus théâtrale en fait de monuments qui soit aujourd' hui , diminuent l' action de cet énorme pouvoir .
L' arrangement est le même dans presque toutes les villes .
Au fond de quelque longue salle carrée , on voit un bureau couvert en serge verte , élevé sur une estrade , derrière lequel s' asseyent les juges dans des fauteuils vulgaires .
à gauche , le siège de l' accusateur public , et , de son côté , le long de la muraille , une longue tribune garnie de chaises pour les jurés .
En face des jurés , s' étend une autre tribune où se trouve un banc pour les accusés et pour les gendarmes qui les gardent . Le greffier se place au bas de l' estrade auprès de la table où se déposent les pièces à conviction .
Avant l' institution de la justice impériale , le commissaire du gouvernement et le directeur du jury avaient chacun un siège et une table , l' un à droite , l' autre à gauche du bureau de la cour .
Deux huissiers voltigent dans l' espace qu' on laisse devant la cour pour la comparution des témoins . Les défenseurs se tiennent au bas de la tribune des accusés . Une balustrade en bois réunit les deux tribunes vers l' autre bout de la salle , et forme une enceinte où se mettent des bancs pour les témoins entendus et pour les curieux privilégiés .
Puis , en face du tribunal , au - dessus de la porte d' entrée , il existe toujours une méchante tribune réservée aux autorités et aux femmes choisies du département par le président , à qui appartient la police de l' audience .
Le public non privilégié se tient debout dans l' espace qui reste entre la porte de la salle et la balustrade .
Cette physionomie normale des tribunaux français et des cours d' assises actuelles était celle de la cour criminelle de Troyes .

TENEBREUSE AFFAIRE (VIII, politiq)
Page: 653