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Cette réponse , profondément méditée par Laurence , et si probable dans toutes ses parties , ébranla les convictions de Corentin , que la jeune comtesse observait du coin de l' oeil . Dans cet instant si décisif , et quand toutes les âmes étaient en quelque sorte suspendues à ces deux visages , que tous les regards allaient de Corentin à Laurence et de Laurence à Corentin , le bruit d' un cheval au galop venant de la forêt retentit sur le chemin , et de la grille sur le pavé de la pelouse . Une affreuse anxiété se peignit sur tous les visages .
Peyrade entra l' oeil brillant de joie , il vint avec empressement à son collègue et lui dit assez haut pour que la comtesse l' entendît : " Nous tenons Michu . "
Laurence , à qui l' angoisse , la fatigue et la tension de toutes ses facultés intellectuelles donnaient une couleur rose aux joues , reprit sa pâleur et tomba presque évanouie , foudroyée , sur un fauteuil .
La Durieu , Mlle Goujet et Mme d' Hauteserre s' élancèrent auprès d' elle , car elle étouffait , elle indiqua par un geste de couper les brandebourgs de son amazone .
" Elle a donné dedans , ils vont sur Paris , dit Corentin à Peyrade , changeons les ordres . "
Ils sortirent en laissant un gendarme à la porte du salon . L' adresse infernale de ces deux hommes venait de remporter un terrible avantage dans ce duel en prenant Laurence au piège d' une de leurs ruses habituelles .
à six heures du matin , au petit jour , les deux agents revinrent . Après avoir exploré le chemin creux , ils s' étaient assurés que les chevaux y avaient passé pour aller dans la forêt . Ils attendaient les rapports du capitaine de gendarmerie chargé d' éclairer le pays .
Tout en laissant le château cerné sous la surveillance d' un brigadier , ils allèrent pour déjeuner chez un cabaretier de Cinq - Cygne , mais toutefois après avoir donné l' ordre de mettre en liberté Gothard qui n' avait cessé de répondre à toutes les questions par des torrents de pleurs , et Catherine qui restait dans sa silencieuse immobilité .
Catherine et Gothard vinrent au salon , et baisèrent les mains de Laurence qui gisait étendue dans la bergère .
Durieu vint annoncer que Stella ne mourrait pas ; mais elle exigeait bien des soins .
Le maire , inquiet et curieux , rencontra Peyrade et Corentin dans le village . Il ne voulut pas souffrir que des employés supérieurs déjeunassent dans un méchant cabaret , il les emmena chez lui . L' abbaye était à un quart de lieue .
Tout en cheminant , Peyrade remarqua que le brigadier d' Arcis n' avait fait parvenir aucune nouvelle de Michu , ni de Violette .

TENEBREUSE AFFAIRE (VIII, politiq)
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