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" Voilà des prisonniers , dit - il . Ce petit drôle était à cheval et se sauvait .
- Imbécile ! dit Corentin à l' oreille du brigadier stupéfait , pourquoi ne l' avoir pas laissé aller ? nous aurions su quelque chose en le suivant . "
Gothard avait pris le parti de fondre en larmes à la façon des idiots . Catherine restait dans une attitude d' innocence et de naïveté qui fit profondément réfléchir le vieil agent . L' élève de Lenoir , après avoir comparé ces deux enfants l' un à l' autre , après avoir examiné l' air niais du vieux gentilhomme qu' il crut rusé , le spirituel curé qui jouait avec les fiches , la stupéfaction de tous les gens et des Durieu , vint à Corentin et lui dit à l' oreille : " Nous n' avons pas affaire à des gnioles ! "
Corentin répondit d' abord par un regard en montrant la table de jeu , puis il ajouta : " Ils jouaient au boston ! On faisait le lit de la maîtresse du logis , elle s' est sauvée , ils sont surpris , nous allons les serrer . "
Une brèche a toujours sa cause et son utilité . Voici comment et pourquoi celle qui se trouve entre la tour aujourd' hui dite de Mademoiselle , et les écuries , avait été pratiquée . Dès son installation à Cinq - Cygne , le bonhomme d' Hauteserre fit d' une longue ravine par laquelle les eaux de la forêt tombaient dans la douve un chemin qui sépare deux grandes pièces de terre appartenant à la réserve du château , mais uniquement pour y planter une centaine de noyers qu' il trouva dans une pépinière .
En onze ans , ces noyers étaient devenus assez touffus et couvraient presque ce chemin encaissé déjà par des berges de six pieds de hauteur , et par lequel on allait à un petit bois de trente arpents récemment acheté .
Quand le château eut tous ses habitants , chacun d' eux aima mieux passer par la douve pour prendre le chemin communal qui longeait les murs du parc et conduisait à la ferme , que de faire le tour par la grille .
En y passant , sans le vouloir , on élargissait la brèche des deux côtés , avec d' autant moins de scrupule qu' au dix - neuvième siècle les douves sont parfaitement inutiles et que le tuteur parlait souvent d' en tirer parti .
Cette constante démolition produisait de la terre , du gravier , des pierres qui finirent par combler le fond de la douve .
L' eau dominée par cette espèce de chaussée ne la couvrait que dans les temps de grandes pluies .

TENEBREUSE AFFAIRE (VIII, politiq)
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