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Je vous crois innocent , vous allez être libre immédiatement . Voici la preuve de votre innocence . C' est une lettre gardée par votre portière en votre absence , et qu' elle vient d' apporter . Dans le trouble causé par la descente de la justice et par la nouvelle de votre arrestation à Fontainebleau , cette femme avait oublié cette lettre qui vient de Mlle Esther Gobseck ... Lisez ? "
Lucien prit la lettre , la lut et fondit en larmes . Il sanglota sans pouvoir articuler une parole . Après un quart d' heure , temps pendant lequel Lucien eut beaucoup de peine à retrouver de la force , le greffier lui présenta la copie de la lettre et le pria de signer un pour copie conforme à l' original à représenter à première réquisition tant que durera l' instruction du procès , en lui offrant de collationner ; mais Lucien s' en rapporta naturellement à la parole de Coquart quant à l' exactitude .
" Monsieur , dit le juge d' un air plein de bonhomie , il est néanmoins difficile de vous mettre en liberté sans avoir rempli nos formalités et sans vous avoir adressé quelques questions ... C' est presque comme témoin que je vous requiers de répondre .
à un homme comme vous , je croirais presque inutile de faire observer que le serment de dire toute la vérité n' est pas ici seulement un appel à votre conscience , mais encore une nécessité de votre position , ambiguë pour quelques instants .
La vérité ne peut rien sur vous quelle qu' elle soit ; mais le mensonge vous enverrait en cour d' assises , et me forcerait à vous faire reconduire à la Conciergerie ; tandis qu' en répondant franchement à mes questions vous coucherez ce soir chez vous , et vous serez réhabilité par cette nouvelle que publieront les journaux : " M .
de Rubempré arrêté hier à Fontainebleau , a été sur - le - champ élargi après un très court interrogatoire .
" "
Ce discours produisit une vive impression sur Lucien , et en voyant les dispositions de son prévenu , le juge ajouta : " Je vous le répète , vous étiez soupçonné de complicité dans un meurtre par empoisonnement sur la personne de la demoiselle Esther , il y a preuve de son suicide , tout est dit ; mais on a soustrait une somme de sept cent cinquante mille francs qui dépend de la succession , et vous êtes l' héritier ; il y a là malheureusement un crime .
Ce crime a précédé la découverte du testament .

SPLEND É COURTISANES (VI, paris)
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