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La vicomtesse actuelle , veuve depuis 1813 , a un fils et une fille . Quoique revenue quasi ruinée de l' émigration , elle a retrouvé , par suite du dévouement d' un avoué , de Derville , une fortune assez considérable .
Rentrés en 1804 , le duc et la duchesse de Grandlieu furent l' objet des coquetteries de l' Empereur , aussi Napoléon , qui les vit à sa cour , rendit - il tout ce qui se trouvait à la maison de Grandlieu dans le Domaine environ quarante mille livres de rentes .
De tous les grands seigneurs du faubourg Saint - Germain qui se laissèrent séduire par Napoléon , le duc et la duchesse ( une Ajuda de la branche aînée , alliée aux Bragance ) furent les seuls qui ne renièrent pas l' Empereur ni ses bienfaits .
Louis XVIII eut égard à cette fidélité lorsque le faubourg Saint - Germain en fit un crime aux Grandlieu ; mais peut - être , en ceci , Louis XVIII voulait - il uniquement taquiner MONSIEUR .
On regardait comme probable le mariage du jeune vicomte de Grandlieu avec Marie - Athénaïs , la dernière fille du duc , alors âgée de neuf ans .
Sabine , l' avant - dernière , épousa le baron du Guénic , après la Révolution de Juillet . Joséphine , la troisième , devint Mme d' Ajuda - Pinto , quand le marquis perdit sa première femme , Mlle de Rochefide ( alias Rochegude ) .
L' aînée avait pris le voile en 1822 . La seconde , Mlle Clotilde - Frédérique , en ce moment , à l' âge de vingt - sept ans , était profondément éprise de Lucien de Rubempré .
Il ne faut pas demander si l' hôtel du duc de Grandlieu , l' un des plus beaux de la rue Saint - Dominique , exerçait mille prestiges sur l' esprit de Lucien ; toutes les fois que la porte immense tournait sur ses gonds pour laisser entrer son cabriolet , il éprouvait cette satisfaction de vanité dont a parlé Mirabeau .
" Quoique mon père ait été simple pharmacien à l' Houmeau , j' entre pourtant là ... " Telle était sa pensée .
Aussi eût - il commis bien d' autres crimes que ceux de son alliance avec un faussaire pour conserver le droit de monter les quelques marches du perron , pour s' entendre annoncer : " Monsieur de Rubempré ! " dans le grand salon à la Louis XIV , fait du temps de Louis XIV sur le modèle de ceux de Versailles , où se trouvait cette société d' élite , la crème de Paris , nommée alors le petit Château .

SPLEND É COURTISANES (VI, paris)
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