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Le spectacle qui se dévoila soudain aux yeux des deux Voyants les écrasa sous son immensité , car ils se sentaient comme des points dont la petitesse ne pouvait se comparer qu' à la moindre fraction que l' infini de la divisibilité permette à l' homme de concevoir , mise en présence de l' infini des Nombres que Dieu seul peut envisager comme il s' envisage lui - même .
Quel abaissement et quelle grandeur en ces deux points , la Force et l' Amour , que le premier désir du Séraphin plaçait comme deux anneaux pour unir l' immensité des univers inférieurs à l' immensité des univers supérieurs !
Ils comprirent les invisibles liens par lesquels les mondes matériels se rattachaient aux mondes spirituels . En se rappelant les sublimes efforts des plus beaux génies humains , ils trouvèrent le principe des mélodies en entendant les chants du ciel qui donnaient les sensations des couleurs , des parfums de la pensée , et qui rappelaient les innombrables détails de toutes les créations , comme un chant de la terre ranime d' infirmes souvenirs d' amour .
Arrivés par une exaltation inouïe de leurs facultés à Un point sans nom dans le langage , ils purent jeter pendant un moment les yeux sur le Monde Divin . Là était la fête .
Des myriades d' Anges accoururent tous du même vol , sans confusion , tous pareils , tous dissemblables , simples comme la rose des champs , immenses comme les mondes .
Wilfrid et Minna ne les virent ni arriver ni s' enfuir , ils ensemencèrent soudain l' infini de leur présence , comme les étoiles brillent dans l' indiscernable éther .
Le scintillement de leurs diadèmes réunis s' alluma dans les espaces , comme les feux du ciel au moment où le jour paraît dans nos montagnes .
De leurs chevelures sortaient des ondes de lumière , et leurs mouvements excitaient des frémissements onduleux semblables aux flots d' une mer phosphorescente .
Les deux Voyants aperçurent le Séraphin tout obscur au milieu des légions immortelles dont les ailes étaient comme l' immense panache des forêts agitées par une brise .

SERAPHITA (XI, philo)
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