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Séraphîtüs quitta ses patins avec la dextérité gracieuse d' une femme , s' élança dans le salon du château , tomba sur un grand divan couvert de pelleteries , et s' y coucha .
" Qu' allez - vous prendre ? lui dit le vieillard en allumant les bougies démesurément longues dont on se sert en Norvège .
- Rien , David , je suis trop lasse . "
Séraphîtüs défit sa pelisse fourrée de martre , s' y roula , et dormit . Le vieux serviteur resta pendant quelques moments debout à contempler avec amour l' être singulier qui reposait sous ses yeux , et dont le genre eût été difficilement défini par qui que ce soit , même par les savants .
à le voir ainsi posé , enveloppé de son vêtement habituel qui ressemblait autant à un peignoir de femme qu' à un manteau d' homme , il était impossible de ne pas attribuer à une jeune fille les pieds menus qu' il laissait pendre , comme pour montrer la délicatesse avec laquelle la nature les avait attachés ; mais son front , mais le profil de sa tête eussent semblé l' expression de la force humaine arrivée à son plus haut degré .
" Elle souffre et ne veut pas me le dire , pensa le vieillard ; elle se meurt comme une fleur frappée par un rayon de soleil trop vif . "
Et il pleura , le vieil homme .
II
SÉRAPHîTA
Pendant la soirée , David rentra dans le salon .
" Je sais qui vous m' annoncez , lui dit SÉRAPHîTA d' une voix endormie . Wilfrid peut entrer . "
En entendant ces mots , un homme se présenta soudain , et vint s' asseoir auprès d' elle .
" Ma chère Séraphîta , souffrez - vous ? Je vous trouve plus pâle que de coutume . "
Elle se tourna lentement vers lui , après avoir chassé ses cheveux en arrière comme une jolie femme qui , accablée par la migraine , n' a plus la force de se plaindre .
SERAPHITA (XI, philo)
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