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Les nombreux poissons du Fiord suffisent en partie à la nourriture de ses habitants ; les pâturages des vallées leur donnent du lait et du beurre ; puis quelques terrains excellents leur permettent de récolter du seigle , du chanvre , des légumes qu' ils savent défendre contre les rigueurs du froid et contre l' ardeur passagère , mais terrible , de leur soleil , avec l' habileté que déploie le Norvégien dans cette double lutte .
Le défaut de communications , soit par terre où les chemins sont impraticables , soit par mer où de faibles barques peuvent seules parvenir à travers les défilés maritimes du Fiord , les empêche de s' enrichir en tirant parti de leurs bois .
Il faudrait des sommes aussi énormes pour déblayer le chenal du golfe que pour s' ouvrir une voie dans l' intérieur des terres .
Les routes de Christiania à Drontheim tournent toutes le Stromfiord , et passent la Sieg sur un pont situé à plusieurs lieues de sa chute ; la côte , entre la vallée de Jarvis et Drontheim , est garnie d' immenses forêts inabordables ; enfin le Falberg se trouve également séparé de Christiania par d' inaccessibles précipices .
Le village de Jarvis aurait peut = être pu communiquer avec la Norvège intérieure et la Suède par la Sieg ; mais , pour être mis en rapport avec la civilisation , le Stromfiord voulait un homme de génie .
Ce génie parut en effet : ce fut un poète , un Suédois religieux qui mourut en admirant et respectant les beautés de ce pays , comme un des plus magnifiques ouvrages du Créateur .
Maintenant , les hommes que l' étude a doués de cette vue intérieure dont les véloces perceptions amènent tour à tour dans l' âme , comme sur une toile , les paysages les plus contrastants du globe , peuvent facilement embrasser l' ensemble du Stromfiord .

SERAPHITA (XI, philo)
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