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Je soutiens à monsieur qu' il vous doit la part de fortune dont vous a fait tort mon pauvre bienfaiteur , car il a été mon bienfaiteur , votre père ( elle prit un ton larmoyant ) , je m' en souviendrai toujours ... Mais votre frère , madame , a entendu raison ...
- Oui , dit le bonhomme Rouget , quand je ferai mon testament , vous ne serez pas oubliés ...
- Ne parlons point de tout ceci , mon frère , vous ne connaissez pas encore quel est mon caractère . "
D' après ce début , on imaginera facilement comment se passa cette première visite . Rouget invita sa soeur à dîner pour le surlendemain .
Pendant ces trois jours , les Chevaliers de la Désoeuvrance prirent une immense quantité de rats , de souris et de mulots qui , par une belle nuit , furent mis en plein grain et affamés , au nombre de quatre cent trente - six , dont plusieurs mères pleines .
Non contents d' avoir procuré ces pensionnaires à Fario , les Chevaliers trouèrent la couverture de l' église des Capucins , et y mirent une dizaine de pigeons pris en dix fermes différentes .
Ces animaux firent d' autant plus tranquillement nopces et festins que le garçon de magasin de Fario fut débauché par un mauvais drôle , avec lequel il se grisa du matin jusqu' au soir , sans prendre aucun soin des grains de son maître .
Mme Bridau , contrairement à l' Opinion du vieil Hochon , crut que son frère n' avait pas encore fait son testament ; elle comptait lui demander quelles étaient ses intentions à l' égard de Mlle Brazier , au premier moment où elle pourrait se promener seule avec lui , car Flore et Maxence la leurraient de cet espoir qui devait être toujours déçu .
Quoique les Chevaliers cherchassent tous un moyen de mettre les deux Parisiens en fuite , ils ne trouvaient que des folies impossibles .
Après une semaine , la moitié du temps que les Parisiens devaient rester à Issoudun , ils ne se trouvaient donc pas plus avancés que le premier jour .
" Votre avoué ne connaît pas la province , dit le vieil Hochon à Mme Bridau . Ce que vous venez y faire ne se fait ni en quinze jours ni en quinze mois ; il faudrait ne pas quitter votre frère , et pouvoir lui inspirer des idées religieuses .
Vous ne contreminerez les fortifications de Flore et de Maxence que par la sape du prêtre . Voilà mon avis , et il est temps de s' y prendre .
LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
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