----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Soyez , vous , les maréchaux des logis de messieurs les rats . Si le garçon de magasin couche aux Capucins , il faudra le faire griser par des camarades , et adroitement , afin de l' emmener loin du théâtre de cette orgie offerte aux animaux rongeurs .
- Tu ne nous dis rien des Parisiens ? demanda le fils Goddet .
- Oh ! fit Max , il faut les étudier . Néanmoins , j' offre mon beau fusil de chasse qui vient de l' Empereur , un chef - d' oeuvre de la manufacture de Versailles , il vaut deux mille francs , à quiconque trouvera les moyens de jouer un tour à ces Parisiens qui les mette si mal avec M .
et Mme Hochon , qu' ils soient renvoyés par ces deux vieillards , ou qu' ils s' en aillent d' eux - mêmes , sans , bien entendu , nuire par trop aux ancêtres de mes deux amis Baruch et François .
- ça va ! j' y songerai , dit le fils Goddet , qui aimait la chasse à la passion .
- Si l' auteur de la farce ne veut pas de mon fusil , il aura mon cheval ! " fit observer Maxence .
Depuis ce souper , vingt cerveaux se mirent à la torture pour ourdir une trame contre Agathe et son fils , en se conformant à ce programme . Mais le diable seul ou le hasard pouvait réussir , tant les conditions imposées rendaient la chose difficile .
Le lendemain matin , Agathe et Joseph descendirent un moment avant le second déjeuner , qui se faisait à dix heures . On donnait le nom de premier déjeuner à une tasse de lait accompagnée d' une tartine de pain beurrée qui se prenait au lit ou au sortir du lit .
En attendant Mme Hochon qui malgré son âge accomplissait minutieusement toutes les cérémonies que les duchesses du temps de Louis XV faisaient à leur toilette , Joseph vit sur la porte de la maison en face Jean - Jacques Rouget planté sur ses deux pieds ; il le montra naturellement à sa mère qui ne put reconnaître son frère , tant il ressemblait si peu à ce qu' il était quand elle l' avait quitté .
" Voilà votre frère , dit Adolphine qui donnait le bras à sa grand - mère .
- Quel crétin ! " s' écria Joseph .
Agathe joignit les mains et leva les yeux au ciel : " Dans quel état l' a - t - on mis ? Mon Dieu , est - ce là un homme de cinquante - sept ans ? "

LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
Page: 434