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On ne peut présumer les événements que par le résultat . Dix mois après la mort de son père , Jean - Jacques changea complètement : son visage pâle et plombé , dégradé par des boutons aux tempes et au front , s' éclaircit , se nettoya , se colora de teintes rosées .
Enfin sa physionomie respira le bonheur . Flore exigea que son maître prît des soins minutieux de sa personne , elle mit son amour - propre à ce qu' il fût bien mis ; elle le regardait s' en allant à la promenade en restant sur le pas de la porte , jusqu' à ce qu' elle ne le vît plus .
Toute la ville remarqua ces changements , qui firent de Jean - Jacques un tout autre homme .
" Savez - vous la nouvelle ? se disait - on dans Issoudun .
- Eh bien , quoi ?
- Jean - Jacques a tout hérité de son père , même la Rabouilleuse ...
- Est - ce que vous ne croyez pas feu le docteur assez malin pour avoir laissé une gouvernante à son fils ?
- C' est un trésor pour Rouget , c' est vrai , fut le cri général .
- C' est une finaude ! elle est bien belle , elle se fera épouser .
- Cette fille - là a - t - elle eu de la chance !
- C' est une chance qui n' arrive qu' aux belles filles .
- Ah ! bah , vous croyez cela , mais j' ai eu mon oncle Borniche - Héreau . Eh bien , vous avez entendu parler de Mlle Ganivet , elle était laide comme les sept péchés capitaux , elle n' en a pas moins eu de lui mille écus de rente ...
- Bah ! c' était en 1778 !
- C' est égal , Rouget a tort , son père lui laisse quarante bonnes mille livres de rente , il aurait pu se marier avec Mlle Héreau ...
- Le docteur a essayé , elle n' en a pas voulu , Rouget est trop bête ...
- Trop bête ! les femmes sont bien heureuses avec les gens de cet acabit .
- Votre femme est - elle heureuse ? "

LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
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