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Le commandant , car entre eux les Bonapartistes se reconnurent les grades acquis en 1815 , perdit ainsi le maigre traitement , appelé la demi - solde , qui fut alloué aux officiers de l' armée de la Loire . En voyant ce beau jeune homme , dont tout l' avoir consistait en vingt napoléons , on s' émut à Issoudun en sa faveur , et le maire lui donna une place de six cents francs d' appointements à la Mairie .
Max , qui remplit cette place pendant six mois environ , la quitta de lui - même , et fut remplacé par un capitaine nommé Carpentier , resté comme lui fidèle à Napoléon .
Déjà Grand maître de l' Ordre de la Désoeuvrance , Gilet avait pris un genre de vie qui lui fit perdre la considération des premières familles de la ville , sans qu' on le lui témoignât d' ailleurs ; car il était violent et redouté par tout le monde , même par les officiers de l' ancienne armée , qui refusèrent comme lui de servir , et qui revinrent planter leurs choux en Berry .
Le peu d' affection des gens nés à Issoudun pour les Bourbons n' a rien de surprenant d' après le tableau qui précède .
Aussi , relativement à son peu d' importance , y eut - il dans cette petite ville plus de Bonapartistes que partout ailleurs .
Les Bonapartistes se firent , comme on sait , presque tous Libéraux .
On comptait à Issoudun ou dans les environs une douzaine d' officiers dans la position de Maxence , et qui le prirent pour chef , tant il leur plut ; à l' exception cependant de ce Carpentier son successeur , et d' un certain M .
Mignonnet , ex - capitaine d' artillerie dans la Garde . Carpentier , officier de cavalerie parvenu , se maria tout d' abord , et appartint à l' une des familles les plus considérables de la ville , les Borniche - Héreau .
Mignonnet , élevé à l' École polytechnique , avait servi dans un corps qui s' attribue une espèce de supériorité sur les autres . Il y eut , dans les armées impériales , deux nuances chez les militaires .
Une grande partie eut pour le bourgeois , pour le péquin , un mépris égal à celui des nobles pour les vilains , du conquérant pour le conquis . Ceux - là n' observaient pas toujours les lois de l' honneur dans leurs relations avec le Civil , ou ne blâmaient pas trop ceux qui sabraient le bourgeois .
Les autres , et surtout l' Artillerie , par suite de son républicanisme peut - être , n' adoptèrent pas cette doctrine , qui ne tendait à rien moins qu' à faire deux Frances : une France militaire et une France civile .

LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
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