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C' est pitié que de voir comment le pauvre homme est traité chez lui , quand il a une soeur et des neveux . Je vous ai fait sous - entendre à plusieurs reprises que votre présence à Issoudun pouvait sauver votre frère , et arracher pour vos enfants , des griffes de cette vermine , une fortune de quarante et peut - être soixante mille livres de rente ; mais vous ne me répondez pas ou vous paraissez ne m' avoir jamais comprise .
Aussi suis - je obligée de vous écrire aujourd' hui sans aucune précaution épistolaire .
Je prends bien part au malheur qui vous arrive , mais je ne puis que vous plaindre , ma chère mignonne . Voici pourquoi je ne puis vous être bonne à rien : à quatre - vingt - cinq ans , Hochon fait ses quatre repas , mange de la salade avec des oeufs durs le soir , et court comme un lapin .
J' aurai passé ma vie entière , car il fera mon épitaphe , sans avoir vu vingt livres dans ma bourse .
Si vous voulez venir à Issoudun combattre l' influence de la concubine sur votre frère , comme il y a des raisons pour que Rouget ne vous reçoive pas chez lui , j' aurai déjà bien de la peine à obtenir de mon mari la permission de vous avoir chez moi .
Mais vous pouvez y venir , il m' obéira sur ce point . Je connais un moyen d' obtenir ce que je veux de lui , c' est de lui parler de mon testament . Cela me semble si horrible que je n' y ai jamais eu recours , mais pour vous , je ferai l' impossible .
J' espère que votre Philippe s' en tirera , surtout si vous prenez un bon avocat ; mais arrivez le plus tôt possible à Issoudun .
Songez qu' à cinquante - sept ans votre imbécile de frère est plus chétif et plus vieux que M . Hochon . Ainsi la chose presse . On parle déjà d' un testament qui vous priverait de la succession , mais , au dire de M .
Hochon , il est toujours temps de le faire révoquer . Adieu , ma petite Agathe , que Dieu vous aide ! et comptez aussi sur votre marraine qui vous aime ,
" MAXIMILIENNE HOCHON , née LOUSTEAU . "
" P . - S . - Mon neveu Étienne , qui écrit dans les journaux et qui s' est lié , dit - on , avec votre fils Philippe , est - il venu vous rendre ses devoirs ? Mais venez , nous causerons de lui . "

LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
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