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- Tu crois , ma chère mère , qu' il a souffert dans son voyage ? mais tu te trompes , il a fait le carnaval à New York comme il le fait encore ici ...
- S' il souffrait cependant près de nous , ce serait affreux ...
- Oui , répondit Joseph . Quant à ce qui me regarde , je donnerais volontiers de l' argent , mais je ne veux pas le voir . Il a tué la pauvre Descoings .
- Ainsi , reprit Agathe , tu ne ferais pas son portrait ?
- Pour toi , ma mère , je souffrirais le martyre . Je puis bien ne me souvenir que d' une chose : c' est qu' il est mon frère .
- Son portrait en capitaine de dragons à cheval ?
- Oui , j' ai là un beau cheval d' après Gros , et je ne sais à quoi l' utiliser .
- Eh bien , va donc savoir chez son ami ce qu' il devient .
- J' irai . "
Agathe se leva : ses ciseaux , tout tomba par terre ; elle vint embrasser Joseph sur la tête et cacha deux larmes dans ses cheveux .
" C' est ta passion , à toi , ce garçon ! dit - il , et nous avons tous notre passion malheureuse . "
Le soir Joseph alla rue du Sentier , et y trouva , vers quatre heures , son frère qui remplaçait Giroudeau . Le vieux capitaine de dragons était passé caissier à un journal hebdomadaire entrepris par son neveu .
Quoique Finot restât propriétaire du petit journal qu' il avait mis en actions , et dont toutes les actions étaient entre ses mains , le propriétaire et le rédacteur en chef visible était un de ses amis nommé Lousteau , précisément le fils du subdélégué d' Issoudun de qui le grand - père de Bridau avait voulu se venger , et conséquemment le neveu de Mme Hochon .
Pour être agréable à son oncle , Finot lui avait donné Philippe pour remplaçant , en diminuant toutefois de moitié les appointements .
Puis , tous les jours à cinq heures , Giroudeau vérifiait la caisse et emportait l' argent de la recette journalière .

LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
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