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La Providence , a dit un diplomate prussien , a su empêcher cette profanation . L' Empereur se fit rendre compte de la situation de Mme Bridau . Les deux enfant eurent chacun une bourse entière au Lycée impérial , et l' Empereur mit tous les frais de leur éducation à la charge de sa cassette .
Puis il inscrivit Mme Bridau pour une pension de quatre mille francs , en se réservant sans doute de veiller à la fortune des deux fils . Depuis son mariage jusqu' à la mort de son mari , Mme Bridau n' eut pas la moindre relation avec Issoudun .
Elle était sur le point d' accoucher de son second fils au moment où elle perdit sa mère . Quand son père , de qui elle se savait peu aimée , mourut , il s' agissait du sacre de l' Empereur , et le couronnement donna tant de travail à Bridau qu' elle ne voulut pas quitter son mari .
Jean - Jacques Rouget , son frère , ne lui avait pas écrit un mot depuis son départ d' Issoudun .
Tout en s' affligeant de la tacite répudiation de sa famille , Agathe finit par penser très rarement à ceux qui ne pensaient point à elle . Elle recevait tous les ans une lettre de sa marraine , Mme Hochon , à laquelle elle répondait des banalités , sans étudier les avis que cette excellente et pieuse femme lui donnait à mots couverts .
Quelque temps avant la mort du docteur Rouget , Mme Hochon écrivit à sa filleule qu' elle n' aurait rien de son père si elle n' envoyait sa procuration à M .
Hochon . Agathe eut de la répugnance à tourmenter son frère . Soit que Bridau comprît que la spoliation était conforme au Droit et à la Coutume du Berry , soit que cet homme pur et juste partageât la grandeur d' âme et l' indifférence de sa femme en matière d' intérêt , il ne voulut point écouter Roguin , son notaire , qui lui conseillait de profiter de sa position pour contester les actes par lesquels le père avait réussi à priver sa fille de sa part légitime .
Les époux approuvèrent ce qui se fit alors à Issoudun .
Cependant , en ces circonstances , Roguin avait fait réfléchir le chef de division sur les intérêts compromis de sa femme .
Cet homme supérieur pensa que , s' il mourait , Agathe se trouverait sans fortune .
Il voulut alors examiner l' état de ses affaires , il trouva que , de 1793 à 1805 , sa femme et lui avaient été forcés de prendre environ trente mille francs sur les cinquante mille francs effectifs que le vieux Rouget avait donnés à sa fille , et il plaça les vingt mille francs restant sur le Grand - Livre .

LA RABOUILLEUSE (IV, provinc)
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