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Disciples fidèles du bienheureux saint Thomas qui voulut mettre le doigt dans la plaie de Jésus - Christ , ils sont doués d' une incrédulité d' athée . Imperturbables au milieu des perfidies de la migraine et des pièges de toutes les névroses , ils concentrent leur attention sur la scène qu' on leur joue , ils examinent l' actrice , ils cherchent un des ressorts qui la font mouvoir ; et , quand ils ont découvert le mécanisme de cette décoration , ils s' amusent à imprimer un léger mouvement à quelque contrepieds , et s' assurent ainsi très facilement de la réalité de ces maladies ou de l' artifice de ces momeries conjugales .
Mais si , par une attention , peut - être au - dessus des forces humaines , un mari échappe à tous ces artifices qu' un indomptable amour suggère aux femmes , il sera nécessairement vaincu par l' emploi d' une arme terrible , la dernière que saisisse une femme , car ce sera toujours avec une sorte de répugnance qu' elle détruira elle - même son empire sur un mari ; mais c' est une arme empoisonnée , aussi puissante que le fatal couteau des bourreaux .
Cette réflexion nous conduit au dernier paragraphe de cette Méditation .
III . - DE LA PUDEUR RELATIVEMENT AU MARIAGE
Avant de s' occuper de la pudeur , il serait peut - être nécessaire de savoir si elle existe . N' est - elle chez la femme qu' une coquetterie bien entendue ? N' est - elle que le sentiment de la libre disposition du corps , comme on pourrait le penser en songeant que la moitié des femmes de la terre vont presque nues ? N' est - ce qu' une chimère sociale , ainsi que le prétendait Diderot , en objectant que ce sentiment cédait devant la maladie et devant la misère ?
L' on peut faire justice de toutes ces questions .
Un auteur ingénieux a prétendu récemment que les hommes avaient beaucoup plus de pudeur que les femmes . Il s' est appuyé de beaucoup d' observations chirurgicales ; mais pour que ses conclusions méritassent notre attention , il faudrait que , pendant un certain temps , les hommes fussent traités par des chirurgiennes .
L' opinion de Diderot est encore d' un moindre poids .
Nier l' existence de la pudeur parce qu' elle disparaît au milieu des crises où presque tous les sentiments humains périssent , c' est vouloir nier que la vie a lieu parce que la mort arrive .
Accordons autant de pudeur à un sexe qu' à l' autre , et recherchons en quoi elle consiste .

MARIAGE PHYSIOLOGIE (XI, analyt)
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