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Mais supposons que , par un privilège inouï , vous ayez le bonheur d' avoir une femme peu dévote , orpheline et sans amies intimes ; que votre perspicacité vous fasse deviner tous les traquenards dans lesquels l' amant de votre femme essaiera de vous attirer ; que vous aimiez encore assez courageusement votre belle ennemie pour résister à toutes les Martons de la terre ; et qu' enfin vous ayez pour médecin un de ces hommes si célèbres , qu' ils n' ont pas le temps d' écouter les gentillesses des femmes ; ou que , si votre Esculape est le féal de madame , vous demanderez une consultation , à laquelle interviendra un homme incorruptible toutes les fois que le docteur favori voudra ordonner une prescription inquiétante ; eh bien , votre position ne sera guère plus brillante .
En effet , si vous ne succombez pas à l' invasion des alliés , songez que , jusqu' à présent , votre adversaire n' a , pour ainsi dire , pas encore frappé de coup décisif .
Maintenant , si vous tenez plus longtemps , votre femme , après avoir attaché autour de vous , brin à brin et comme l' araignée , une trame invisible , fera usage des armes que la nature lui a données , que la civilisation a perfectionnées , et dont va traiter la Méditation suivante .
MÉDITATION XXVI
DES DIFFÉRENTES AMIES
Une arme est tout ce qui peut servir à blesser , et , à ce titre , les sentiments sont peut - être les armes les plus cruelles que l' homme puisse employer pour frapper son semblable . Le génie si lucide et en même temps si vaste de Schiller semble lui avoir révélé tous les phénomènes de l' action vive et tranchante exercée par certaines idées sur les organisations humaines .
Une pensée peut tuer un homme .
Telle est la morale des scènes déchirantes où , dans Les Brigands , le poète montre un jeune homme faisant , à l' aide de quelques idées , des entailles si profondes au coeur d' un vieillard , qu' il finit par lui arracher la vie .

MARIAGE PHYSIOLOGIE (XI, analyt)
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