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Dans les Méditations précédentes , nous avons accusé l' étendue du mal avec l' irrespectueuse audace des chirurgiens qui développent hardiment les tissus menteurs sous lesquels une honteuse blessure est cachée . La vertu publique , traduite sur la table de notre amphithéâtre , n' a même pas laissé de cadavre sous le scalpel . Amant ou mari , vous avez souri ou frémi du mal ? Hé bien , c' est avec une joie malicieuse que nous reportons cet immense fardeau social sur la conscience des prédestinés .
Arlequin , essayant de savoir si son cheval peut s' accoutumer à ne pas manger , n' est pas plus ridicule que ces hommes qui veulent trouver le bonheur en ménage et ne pas le cultiver avec tous les soins qu' il réclame .
Les fautes des femmes sont autant d' actes d' accusation contre l' égoïsme , l' insouciance et la nullité des maris .
Maintenant c' est à vous - même , vous , lecteur , qui avez souvent condamné votre crime dans un autre , c' est à vous de tenir la balance . L' un des bassins est assez chargé , voyez ce que vous mettrez dans l' autre ! Évaluez le nombre de prédestinés qui peut se rencontrer dans la somme totale des gens mariés , et pesez : vous saurez où est le mal .
Essayons de pénétrer plus avant dans les causes de cette maladie conjugale .
Le mot amour , appliqué à la reproduction de l' espèce , est le plus odieux blasphème que les moeurs modernes aient appris à proférer . La nature , en nous élevant au - dessus des bêtes par le divin présent de la pensée , nous a rendus aptes à éprouver des sensations et des sentiments , des besoins et des passions .
Cette double nature crée en l' homme l' animal et l' amant . Cette distinction va éclairer le problème social qui nous occupe .
Le mariage peut être considéré politiquement , civilement et moralement , comme une loi , comme un contrat , comme une institution : loi , c' est la reproduction de l' espèce ; contrat , c' est la transmission des propriétés ; institution , c' est une garantie dont les obligations intéressent tous les hommes : ils ont un père et une mère , ils auront des enfants .
Le mariage doit donc être l' objet du respect général .
La société n' a pu considérer que ces sommités , qui , pour elle , dominent la question conjugale .

MARIAGE PHYSIOLOGIE (XI, analyt)
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