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Cette espèce est due aux soins particuliers que les hommes ont pu donner à sa culture , grâce à la puissance de l' or et à la chaleur morale de la civilisation . Elle se reconnaît généralement à la blancheur , à la finesse , à la douceur de la peau . Son penchant la porte à une exquise propreté .
Ses doigts ont horreur de rencontrer autre chose que des objets doux , moelleux , parfumés . Comme l' hermine , elle meurt quelquefois de douleur de voir souiller sa blanche tunique .
Elle aime à lisser ses cheveux , à leur faire exhaler des odeurs enivrantes , à brosser ses ongles roses , à les couper en amande , à baigner souvent ses membres délicats . Elle ne se plaît pendant la nuit que sur le duvet le plus doux ; pendant le jour , que sur des divans de crin ; aussi la position horizontale est - elle celle qu' elle prend le plus volontiers .
Sa voix est d' une douceur pénétrante , ses mouvements sont gracieux .
Elle parle avec une merveilleuse facilité . Elle ne s' adonne à aucun travail pénible ; et cependant , malgré sa faiblesse apparente , il y a des fardeaux qu' elle sait porter et remuer avec une aisance miraculeuse .
Elle fuit l' éclat du soleil et s' en préserve par d' ingénieux moyens . Pour elle , marcher est une fatigue ; mange - t - elle ? c' est un mystère ; partage - t - elle les besoins des autres espèces ? c' est un problème .
Curieuse à l' excès , elle se laisse prendre facilement par celui qui sait lui cacher la plus petite chose , car son esprit la porte sans cesse à chercher l' inconnu .
Aimer est sa religion : elle ne pense qu' à plaire à celui qu' elle aime . être aimée est le but de toutes ses actions , exciter des désirs celui de tous ses gestes . Aussi ne songe - t - elle qu' aux moyens de briller ; elle ne se meurt qu' au sein d' une sphère de grâce et d' élégance ; c' est pour elle que la jeune Indienne a filé le poil souple des chèvres du Tibet , que Tarare tisse ses voiles d' air , que Bruxelles fait courir des navettes chargées du lin le plus pur et le plus délié , que Visapour dispute aux entrailles de la terre des cailloux étincelants , et que Sèvres dore sa blanche argile .
Elle médite nuit et jour de nouvelles parures , emploie sa vie à faire empeser ses robes , à chiffonner des fichus .
Elle va se montrant brillante et fraîche à des inconnus dont les hommages la flattent , dont les désirs la charment , bien qu' ils lui soient indifférents .

MARIAGE PHYSIOLOGIE (XI, analyt)
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