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Quelques mois après ce mémorable dimanche , le maître - autel de Saint - Leu fut témoin de deux mariages bien différents . Augustine et Théodore s' y présentèrent dans tout l' éclat du bonheur , les yeux pleins d' amour , parés de toilettes élégantes , attendus par un brillant équipage . Venue dans un bon remise avec sa famille , Virginie , appuyée sur le bras de son père , suivait sa jeune soeur humblement et dans de plus simples atours , comme une ombre nécessaire aux harmonies de ce tableau .
M . Guillaume s' était donné toutes les peines imaginables pour obtenir à l' église que Virginie fut mariée avant Augustine ; mais il eut la douleur de voir le haut et le bas clergé s' adresser en toute circonstance à la plus élégantes des mariées .
Il entendit quelques - uns de ses voisins approuver singulièrement le bon sens de Mlle Virginie qui faisait , disaient - ils , le mariage le plus solide , et restait fidèle au quartier ; tandis qu' ils lancèrent quelques brocards suggérés par l' envie sur Augustine qui épousait un artiste , un noble ; ils ajoutèrent avec une sorte d' effroi que , si les Guillaume avaient de l' ambition , la draperie était perdue .
Un vieux marchand d' éventails ayant dit que ce mange - tout - là l' aurait bientôt mise sur la paille , le père Guillaume s' applaudit in petto de sa prudence dans les conventions matrimoniales .
Le soir , après un bal somptueux , suivi d' un de ces soupers plantureux dont le souvenir commence à se perdre dans la génération présente , M .
et Mme Guillaume restèrent dans leur hôtel de la rue du Colombier où la noce avait eu lieu , M .
et Mme Lebas retournèrent dans leur remise à la vieille maison de la rue Saint - Denis pour y diriger la nauf du Chat - qui - pelote , l' artiste ivre de bonheur prit entre ses bras sa chère Augustine , l' enleva vivement quand leur coupe arriva rue des Trois - Frères , et la porta dans un appartement que tous les arts avaient embelli .
La fougue de passion qui possédait Théodore fit dévorer au jeune ménage près d' une année entière sans que le moindre nuage vint altérer l' azur du ciel sous lequel ils vivaient . Pour ces deux amants , l' existence n' eut rien de pesant .
Théodore répandait sur chaque journée d' incroyables fioritures de plaisir , il se plaisait à varier les emportements de la passion , par la molle langueur de ces repos où les âmes sont lancées si haut dans l' extase qu' elles semblent y oublier l' union corporelle .

MAISON CHAT PELOTE (I, privé)
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