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Les larmes vinrent aux yeux de Joseph Lebas qui s' efforça de les cacher . " Ah , monsieur Guillaume ! comment ai - je pu mériter tant de bontés ? Je n' ai fait que mon devoir . C' était déjà tant que de vous intéresser à un pauvre orph ... " Il brossait le parement de sa manche gauche avec la manche droite , et n' osait regarder le vieillard qui souriait en pensant que ce modeste jeune homme avait sans doute besoin , comme lui autrefois , d' être encouragé pour rendre l' explication complète .
" Cependant , reprit le père de Virginie , vous ne méritez pas beaucoup cette faveur , Joseph ! Vous ne mettez pas en moi autant de confiance que j' en mets en vous . ( Le commis releva brusquement la tête . ) Vous avez le secret de la caisse .
Depuis deux ans je vous ai dit presque toutes mes affaires . Je vous ai fait voyager en fabrique . Enfin , pour vous , je n' ai rien sur le coeur . Mais vous ? ... vous avez une inclination , et ne m' en avez pas touché un seul mot .
( Joseph Lebas rougit . ) Ah ! ah ! s' écria Guillaume , vous pensiez donc tromper un vieux renard comme moi ? Moi ! à qui vous avez vu deviner la faillite Lecoq .
- Comment , monsieur ? répondit Joseph Lebas en examinant son patron avec autant d' attention que son patron l' examinait , comment , vous sauriez qui j' aime ?
- Je sais tout , vaurien , lui dit le respectable et rusé marchand en lui tordant le bout de l' oreille . Et je te pardonne , j' ai fait de même .
- Et vous me l' accorderiez ?
- Oui , avec cinquante mille écus , et je t' en laisserai autant , et nous marcherons sur nouveaux frais avec une nouvelle raison sociale . Nous brasserons encore des affaires , garçon , s' écria le vieux marchand en se levant et agitant ses bras .

MAISON CHAT PELOTE (I, privé)
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