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- Allons , mes enfants , du calme ! dit le maire de Couches , qui était le maître de poste . Que diable ! ces hommes , on les commande , il faut bien qu' ils obéissent .
- C' est vrai ! c' est le bourgeois des Aigues qui fait tout cela ... Mais patience . " En ce moment , le général déboucha sur la place , et son arrivée excita quelques murmures , dont il s' inquiéta fort peu ; il alla droit au lieutenant de la gendarmerie de La - Ville - aux - Fayes , et après lui avoir dit quelques mots et lui avoir remis un papier , l' officier se tourna vers ses hommes et leur dit :
" Laissez aller vos prisonniers , le général a obtenu leur grâce du Roi . " En ce moment , le général Montcornet causait avec le maire de Couches ; mais , après quelques moments de conversation échangée à voix basse , celui - ci , s' adressant aux délinquants qui devaient coucher en prison et qui se trouvaient tout étonnés d' être libres , leur dit :
" Mes amis , remerciez M .
le comte , c' est lui à qui vous devez la remise de vos condamnations ; il a demandé votre grâce à Paris et l' a obtenue pour l' anniversaire de la rentrée du Roi ... J' espère qu' à l' avenir vous vous conduirez mieux envers un homme qui se conduit si bien envers vous , et que vous respecterez dorénavant ses propriétés .
Vive le Roi ! " Et les paysans crièrent : " Vive le Roi ! " avec enthousiasme , pour ne pas crier : " Vive le comte de Montcornet .
" Cette scène avait été politiquement méditée par le général , d' accord avec le préfet et le procureur général , car on avait voulu , tout en montrant de la fermeté pour stimuler les autorités locales et frapper l' esprit des campagnes , user de douceur tant ces questions paraissaient délicates .
En effet , la résistance , au cas où elle aurait eu lieu , jetait le gouvernement dans de grands embarras .
Comme l' avait dit Laroche , on ne pouvait pas guillotiner toute une commune .
Le général avait invité à déjeuner le maire de Couches , le lieutenant et le maréchal des logis . Les conspirateurs de Blangy restèrent dans le cabaret de Couches , où les délinquants délivrés employaient à boire l' argent qu' ils emportaient pour vivre en prison , et les gens de Blangy furent naturellement de la noce , car les gens de la campagne appliquent le mot de noce à toutes les réjouissances .
LES PAYSANS (IX, campagn)
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