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trouvant cette maison inhabitable , en concubinage , disait - elle , avec une caserne . La ville de Soulanges , aidée par le département , bâtit alors un hôtel à la gendarmerie , dans une rue latérale à la mairie . Le brigadier nettoya sa maison , y restitua le lustre primitif souillé par l' écurie et par l' habitation des gendarmes .
Cette maison , élevée d' un étage et coiffée d' un toit percé de mansardes , voit le paysage par trois façades , une sur la place , l' autre sur le lac , et la troisième sur un jardin . Le quatrième côté donne sur une cour qui sépare les Soudry de la maison voisine , occupée par un épicier nommé Vattebled , un homme de la seconde société , père de la belle madame Plissoud , de laquelle il sera bientôt question .
Toutes les petites villes ont une belle madame , comme elles ont un Socquard et un café de la Paix .
Chacun devine que la façade sur le lac est bordée d' une terrasse à jardinet d' une médiocre élévation , terminée par une balustrade en pierre et qui longe la route cantonale .
On descend de cette terrasse dans le jardin par un escalier sur chaque marche duquel se trouve un oranger , un grenadier , un myrte et autres arbres d' ornement , qui nécessitent au bout du jardin une serre que Mme Soudry s' obstine à nommer une resserre .
Sur la place , on entre dans la maison par un perron élevé de plusieurs marches .
Selon l' habitude des petites villes , la porte cochère , réservée au service de la cour , au cheval du maître et aux arrivages extraordinaires , s' ouvre assez rarement .
Les habitués , venant tous à pied , montaient par le perron .
Le style de l' hôtel Soudry est sec ; les assises sont indiquées par des filets dits à gouttière ; les fenêtres sont encadrées de moulures alternativement grêles et fortes , dans le genre de celles des pavillons Gabriel et Perronnet de la place Louis XV . Ces ornements donnent , dans une si petite ville , un aspect monumental à cette maison devenue célèbre .
En face , à l' autre angle de la place , se trouve le fameux Café de la Paix , dont les particularités et le prestigieux Tivoli surtout exigeront plus tard des descriptions moins succinctes que celle de la maison Soudry .
Rigou venait très rarement à Soulanges , car chacun se rendait chez lui : le notaire Lupin comme Gaubertin , Soudry comme Gendrin , tant on le craignait . Mais on va
LES PAYSANS (IX, campagn)
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