----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Ce léger croquis permet d' entrevoir la place de Soulanges , ornée au milieu d' une charmante fontaine rapportée d' Italie , en 1520 , par le maréchal de Soulanges , et qui ne déshonorerait pas une grande capitale . Un jet d' eau perpétuel , provenant d' une source située en haut de la colline , est distribué par quatre Amours en marbre blanc tenant des conques et couronnés d' un panier plein de raisins .
Les voyageurs lettrés qui passeront par là , si jamais il en passe après Blondet , pourront y reconnaître cette place illustrée par Molière et par le théâtre espagnol , qui régna si longtemps sur la scène française , et qui démontrera toujours que la comédie est née en de chauds pays , où la vie se passait sur la place publique .
La place de Soulanges rappelle d' autant mieux cette place classique , et toujours semblable à elle - même sur tous les théâtres , que les deux premières rues , la coupant précisément à la hauteur de la fontaine , figurent ces coulisses si nécessaires aux maîtres et aux valets pour se rencontrer ou pour se fuir .
Au coin d' une de ces rues , qui se nomme la rue de la Fontaine , brillent les panonceaux de Me Lupin .
La maison Sarcus , la maison du percepteur Guerbet , celle de Brunet , celle du greffier Gourdon et de son frère le médecin , celle du vieux M .
Gendrin - Vattebled , le garde général des eaux et forêts , ces maisons , tenues très proprement par leurs propriétaires , qui prennent au sérieux le surnom de leur ville , sont sises aux alentours de la place , le quartier aristocratique de Soulanges .
La maison de Mme Soudry , car la puissante individualité de l' ancienne femme de chambre de Mlle Laguerre avait absorbé le chef de la communauté , cette maison entièrement moderne avait été bâtie par un riche marchand de vin , né à Soulanges , qui , après avoir fait sa fortune à Paris , revint en 1793 acheter du blé pour sa ville natale . Il y fut massacré comme accapareur par la populace , ameutée au cri d' un misérable maçon , l' oncle de Godain , avec lequel il avait des difficultés à propos de son ambitieuse bâtisse .
La liquidation de cette succession , vivement discutée entre collatéraux , traîna si bien qu' en 1798 , Soudry , de retour à Soulanges , put acheter pour mille écus en espèces le palais du marchand de vin , et il le loua d' abord au département pour y loger la gendarmerie . En 1811 , Mlle Cochet , que Soudry consultait en toute chose , s' opposa vivement à ce que le bail fût continué ,
LES PAYSANS (IX, campagn)
Page: 256