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chandeliers à deux fins , embellis de chaînettes , une invention du règne de Louis XV , commencent à devenir rares .
Sur la paroi opposée aux fenêtres , et posée sur un socle vert et or , s élevait une horloge commune , mais excellente .
Les rideaux , criant sur leurs tringles en fer , dataient de cinquante ans ; leur étoffe en coton à carreaux , semblables à ceux des matelas , alternés de rose et de blanc , venait des Indes .
Un buffet et une table à manger complétaient cet ameublement , tenu , d' ailleurs , avec une excessive propreté .
Au coin de la cheminée , on apercevait une immense bergère de curé , le siège spécial de Rigou .
Dans l' angle , au - dessus du petit bonheur du jour qui lui servait de secrétaire , on voyait , accroché à la plus vulgaire patère , un soufflet , origine de la fortune de Rigou .
Sur cette succincte description , dont le style rivalise celui des affiches de vente , il est facile de deviner que les deux chambres respectives de M . et Mme Rigou devaient être réduites au strict nécessaire ; mais on se tromperait en pensant que cette parcimonie pût exclure la bonté matérielle des choses . Ainsi la petite maîtresse la plus exigeante se serait trouvée admirablement couchée dans le lit de Rigou , composé d' excellents matelas , de draps en toile fine , grossi d' un lit de plumes acheté jadis pour quelque abbé par une dévote , garanti des bises par de bons rideaux . Ainsi de tout , comme on va le voir .
Ce bénédictin , esprit astucieux autant que profond avait réduit sa femme , qui ne savait ni lire et écrire , ni compter , à une obéissance absolue . Après avoir gouverné le défunt , la pauvre créature finissait servante de son mari , faisant la cuisine , la lessive , à peine aidée par une très jolie fille appelée Annette , âgée de dix - neuf ans , aussi soumise à Rigou que sa maîtresse et qui gagnait trente francs par an .
Grande , sèche et maigre , Mme Rigou , femme à figure jaune , colorée aux pommettes , la tête toujours enveloppée d' un foulard et portant le même jupon pendant toute l' année , ne quittait pas sa maison deux heures par mois et nourrissait son activité par tous les soins qu' une servante dévouée donne à une maison . Le plus habile observateur n' aurait pas trouvé trace de la magnifique taille , de la fraîcheur à la Rubens , de l' embonpoint splendide , des dents superbes , des yeux de vierge qui jadis recommandèrent la jeune fille à l' attention du curé
LES PAYSANS (IX, campagn)
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