----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

tenus , et dont les figures annonçaient un caractère solide , tous bien en jambes , agiles , capables de passer les nuits dans les bois .
Dans tout le canton , Groison fut le seul qui fêta les vétérans . Enchanté d' un tel renfort , il lâcha quelques paroles menaçantes contre les voleurs qui , dans peu de temps , devaient se trouver serrés de près et mis dans l' impossibilité de nuire . Ainsi , la proclamation d' usage ne manqua pas à cette guerre , vive et sourde à la fois .
Sibilet signala la gendarmerie de Soulanges au général et surtout le brigadier Soudry , comme entièrement et sournoisement hostile aux Aigues , il lui fit sentir de quelle utilité lui serait une brigade animée d' un bon esprit .
" Avec un bon brigadier et des gendarmes dévoués à vos intérêts , vous tiendrez le pays ! ...
" dit - il .
Le comte courut à la préfecture où il obtint , du général qui commandait la division , la mise à la retraite de Soudry et son remplacement par un nommé Viollet , excellent gendarme du chef - lieu que vantèrent le général et le préfet .
Les gendarmes de la brigade de Soulanges , tous dirigés sur d' autres points du département par le colonel de la gendarmerie , ancien camarade de Montcornet , eurent pour successeurs des hommes choisis , à qui l' ordre fut donné secrètement de veiller à ce que les propriétés du comte de Montcornet ne reçussent désormais aucune atteinte , et à qui l' on recommanda surtout de ne pas se laisser gagner par les habitants de Soulanges .
Cette dernière révolution , accomplie avec une rapidité qui ne permit pas de la contrecarrer , jeta l' étonnement dans La - Ville - aux - Fayes et dans Soulanges . Soudry , qui se regarda comme destitué , se plaignit , et Gaubertin trouva le moyen de le faire nommer maire , afin de mettre la gendarmerie à ses ordres . On cria beaucoup à la tyrannie . Montcornet devint un objet de haine .
Non seulement cinq ou six existences furent ainsi changées par lui , mais bien des vanités furent froissées . Les paysans , animés par des paroles échappées aux petits bourgeois de Soulanges , à ceux de La - Ville - aux - Fayes , à Rigou , à Langlumé , à M . Guerbet , le maître de poste de Couches , se crurent à la veille de perdre ce qu' ils appelaient leurs droits .
Le général éteignit le procès avec son ancien garde en payant tout ce qu' il réclamait .

LES PAYSANS (IX, campagn)
Page: 173