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avait ouvert les portes de tous les salons du faubourg Saint - Germain , les plaisirs de Paris à lui prodiguer , ces diverses joies firent tellement oublier la scène avec le régisseur des Aigues , que le général avait oublié tout de Gaubertin , jusqu' au nom .
En 1820 , il conduisit la comtesse à sa terre des Aigues pour la lui montrer , il approuva les comptes et les actes de Sibilet , sans y trop regarder , le bonheur n' est pas chicanier .
La comtesse , très heureuse de trouver une charmante personne dans la femme de son régisseur , lui fit des cadeaux ; elle ordonna quelques changements aux Aigues à un architecte venu de Paris .
Elle se proposait , ce qui rendit le général fou de joie , de venir passer six mois par an dans ce magnifique séjour .
Toutes les économies du général furent épuisées par les changements que l' architecte eut l' ordre d' exécuter et par un délicieux mobilier envoyé de Paris .
Les Aigues reçurent alors ce dernier cachet qui les rendit un monument unique des diverses élégances de cinq siècles .
En 1821 , le général fut presque sommé d' arriver avant le mois de mai par Sibilet . Il s' agissait d' affaires graves . Le bail de neuf ans et de trente mille francs , passé en 1812 par Gaubertin avec un marchand de bois , finissait au 15 mai de cette année .
Ainsi d' abord , Sibilet , jaloux de sa probité , ne voulait pas se mêler du renouvellement du bail . " Vous savez , monsieur le comte , écrivait - il , que je ne bois pas de ce vin - là . " Puis , le marchand de bois prétendait à l' indemnité partagée avec Gaubertin , et que Mlle Laguerre s' était laissé arracher en haine des procès . Cette indemnité se fondait sur la dévastation des bois par les paysans qui traitaient la forêt des Aigues , comme s' ils y avaient droit d' affouage . MM .
Gravelot frères , marchands de bois à Paris , se refusaient à payer le dernier terme , en offrant de prouver , par experts , que les bois présentaient une diminution d' un cinquième , et ils arguaient du mauvais précédent établi par Mlle Laguerre .
" J' ai déjà , disait Sibilet dans sa lettre , assigné ces messieurs au tribunal de La - Ville - aux - Fayes , car ils ont élu domicile , à raison de ce bail , chez mon ancien patron , Me Corbinet . Je redoute une condamnation . " " Il s' agit de nos revenus , ma belle , dit le général en montrant la lettre à sa femme , voulez - vous venir plus tôt que l' année dernière aux Aigues ?
LES PAYSANS (IX, campagn)
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