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veille de l' adjudication définitive , charger l' un des avoués de La - Ville - aux - Fayes , qui se trouvait être un de ses anciens clercs d' acquérir les Aigues , et il les eut pour onze cent mille cinquante francs .
à onze cent mille francs , aucun des conspirateurs n' osa continuer d' enchérir .
Gaubertin crut à quelque trahison de Soudry , comme Lupin et Soudry se crurent joués par Gaubertin ; mais la déclaration de command les réconcilia .
Quoique soupçonnant le plan formé par Gaubertin , Lupin et Soudry , l' avoué de province se garda bien d' éclairer son ancien patron .
Voici pourquoi : en cas d' indiscrétion des nouveaux propriétaires , cet officier ministériel aurait eu trop de monde à dos pour pouvoir rester dans le pays .
Ce mutisme , particulier à l' homme de province , sera d' ailleurs parfaitement justifié par les événements de cette Étude .
Si l' homme de province est sournois , il est obligé de l' être ; sa justification se trouve dans son péril admirablement exprimé par ce proverbe : Il faut hurler avec les loups , le sens du personnage de Philinte .
Quand le général Montcornet prit possession des Aigues , Gaubertin ne se trouva plus assez riche pour quitter sa place . Afin de marier sa fille aînée au riche banquier de l' Entrepôt , il était obligé de la doter de deux cent mille francs ; il devait payer trente mille francs la charge achetée à son fils ; il ne lui restait donc plus que trois cent soixante - dix mille francs , sur lesquels il lui faudrait tôt ou tard prendre la dot de sa dernière fille Elise , à laquelle il se flattait de moyenner un mariage au moins aussi beau que celui de l' aînée . Le régisseur voulut étudier le comte de Montcornet , afin de savoir s' il pourrait le dégoûter des Aigues , en comptant alors réaliser pour lui seul la conception avortée .
Avec la finesse particulière aux gens qui font leur fortune par la cautèle , Gaubertin crut à la ressemblance , assez probable d' ailleurs , du caractère d' un vieux militaire et d' une vieille cantatrice . Une fille d' opéra , un général de Napoléon , n' étaient - ce pas les mêmes habitudes de prodigalité , la même insouciance ? à la fille comme au soldat , le bien ne vient - il pas capricieusement et au feu ? S' il se rencontre des militaires rusés , astucieux , politiques , n' est - ce pas l' exception ? Et le plus souvent , le soldat , surtout un sabreur fini comme Montcornet , doit être simple , confiant , novice en affaires , et peu propre aux mille
LES PAYSANS (IX, campagn)
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