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Comment vous y prenez - vous pour le rendre meilleur que vos filles ? ... demanda Blondet .
- Il ne lui parle pas de Dieu , dit le curé .
- Oh ! non , non , m' sieur le curé , je ne lui disons pas de craindre Dieu , mais l' z' houmes !
Dieu est bon , et nous a promis , selon vous aut' , le royaume du ciel , puisque les riches gardent celui de la terre .
Je lui dis : " Mouche ! crains la prison , c' est par là qu' on sort pour aller à l' échafaud .
Ne vole rien , fais - toi donner ! Le vol mène à l' assassinat , et l' assassinat appelle la justice e' d' z' hommes .
E' l' rasoir de la justice , v' là ce qu' il faut craindre , il garantit le sommeil des riches contre les insomnies des pauvres .
Apprends à lire .
Avec de l' instruction , tu trouveras des moyens d' amasser de l' argent à couvert de la loi , comme ce brave M .
Gaubertin , tu seras régisseur , quoi ! Comme M .
Sibilet à qui monsieur le comte laisse prendre ses rations ... Le fin est d' être à côté des riches , il y a des miettes sous la table ! " ... V' là ce que j' appelle eune fière éducation et solide .
Aussi le petit mâtin est - il toujours du coûté de la loi ... Ce sera ein bon sujet , il aura soin de moi ...
- Et qu' en ferez - vous ?
- Un domestique pour commencer , reprit Fourchon , parce qu' en voyant les maîtres ed' près , il s' achèvera ben , allez ! Le bon exemple lui fera faire fortune , la loi en main , comme vous aut' ! ... Si m' sieur le comte le mettait dans ses écuries , pour apprendre à panser les chevaux , il en serait bien content ... vu que s' il craint l' z' hommes , il ne craint pas les bêtes .
- Vous avez de l' esprit , père Fourchon , reprit Blondet , vous savez bien ce que vous dites , et vous ne parlez pas sans raison .
- Oh ! ma fine , si , car elle est au Grand - I - Vert ma raison avec mes deux pièces ed' cent sous ...
- Comment un homme comme vous s' est - il laissé tomber dans la misère ? Car , dans l' état actuel des choses , un paysan n' a qu' à s' en prendre à lui - même de son malheur , il est libre , il peut devenir riche . Ce n' est plus comme autrefois . Si le paysan sait amasser un pécule , il trouve de la terre à vendre , il peut l' acheter , il est son maître !
- J' ai vu l' ancien temps et je vois le nouveau , mon cher savant monsieur , répondit Fourchon ,
LES PAYSANS (IX, campagn)
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