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Les deux veaux produisaient environ quatre - vingts francs .
Le lait , déduction faite du temps où les vaches nourrissaient ou vélaient , rapportait environ cent soixante francs , et pourvoyait en outre aux besoins du logis en fait de laitage .
Tonsard gagnait une cinquantaine d' écus en journées faites de côté et d' autre .
La cuisine et le vin vendu donnaient , tous les frais déduits , une centaine d' écus , car ces régalades essentiellement passagères venaient en certains temps et pendant certaines saisons ; d' ailleurs les gens à régalades prévenaient la Tonsard et son mari , qui prenaient alors à la ville le peu de viande et de provisions nécessaires .
Le vin du clos de Tonsard était vendu , année commune , vingt francs le tonneau sans fût , à un cabaretier de Soulanges avec lequel Tonsard entretenait des relations .
Par certaines années plantureuses , Tonsard récoltait douze pièces dans son arpent ; mais la moyenne était de huit pièces , et Tonsard en gardait moitié pour son débit .
Dans les pays vignobles , le glanage des vignes constitue le hallebotage .
Par le hallebotage , la famille Tonsard recueillait trois pièces de vin environ .
Mais à l' abri sous les usages , elle mettait peu de conscience dans ses procédés , elle entrait dans les vignes avant que les vendangeurs n' en fussent sortis ; de même qu' elle se ruait sur les champs de blé quand les gerbes amoncelées attendaient les charrettes . Ainsi les sept ou huit pièces de vin , tant halleboté que récolté , se vendaient à un bon prix . Mais sur cette somme , le Grand - I - Vert réalisait des pertes provenant de la consommation de Tonsard et de sa femme , habitués tous deux à manger les meilleurs morceaux , à boire du vin meilleur que celui qu' ils vendaient et fourni par leur correspondant de Soulanges , en paiement du leur . L' argent gagné par cette famille allait donc à environ neuf cents francs , car ils engraissaient deux cochons par an , un pour eux , un autre pour le vendre .
Les ouvriers , les mauvais garnements du pays prirent à la longue en affection le cabaret du Grand - I - Vert , autant à cause des talents de la Tonsard , que de la camaraderie existant entre cette famille et le menu peuple de la vallée . Les deux filles , toutes deux remarquablement belles , continuaient les moeurs de leur mère . Enfin l' ancienneté du Grand - I - Vert , qui datait de 1795 , en
LES PAYSANS (IX, campagn)
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