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vallée , à un immense poisson dont la tête touchait au village de Couches et la queue au bourg de Blangy ; car , plus long que large , il s' étalait au milieu par une largeur d' environ deux cents arpents , tandis qu' il en comptait à peine trente vers Couches et quarante vers Blangy .
La situation de cette terre , entre trois villages , à une lieue de la petite ville de Soulanges d' où l' on plongeait sur cet Éden , a peut - être fomenté la guerre et conseillé les excès qui forment le principal intérêt de cette Scène .
Si , vu de la grande route , vu de la partie haute de La - Ville - aux - Fayes , le paradis des Aigues fait commettre le péché d' envie aux voyageurs , comment les riches bourgeois de Soulanges et de La - Ville - aux - Fayes auraient - ils été plus sages , eux qui l' admiraient à toute heure ?
Ce dernier détail topographique était nécessaire pour faire comprendre la situation , l' utilité des quatre portes par lesquelles on entrait dans le parc des Aigues , entièrement clos de murs excepté les endroits où la nature avait disposé des points de vue et où l' on avait creusé des sauts - de - loup . Ces quatre portes , dites la porte de Couches , la porte d' Avonne , la porte de Blangy , la porte de l' Avenue , révélaient si bien le génie des diverses époques où elles furent construites , que , dans l' intérêt des archéologues , elles seront décrites , mais aussi succinctement que Blondet a déjà dépeint celle de l' Avenue .
Après huit jours de promenades avec la comtesse , l' illustre rédacteur du Journal des débats connaissait à fond le pavillon chinois , les ponts , les îles , la chartreuse , le chalet , les ruines du temple , la glacière babylonienne , les kiosques , enfin tous les détours inventés par les architectes de jardins et auxquels neuf cents arpents peuvent se prêter ; il voulait donc s' ébattre aux sources de l' Avonne , que le général et la comtesse lui vantaient tous les jours , en formant chaque soir le projet oublié chaque matin d' aller les visiter . En effet , au - dessus du parc des Aigues , l' Avonne a l' apparence d' un torrent alpestre . Tantôt elle se creuse un lit entre les roches , tantôt elle s' enterre comme dans une cuve profonde ; là , des ruisseaux y tombent brusquement en cascades ; ici , elle s' étale à la façon de la Loire en effleurant des sables et rendant le flottage impraticable par le changement perpétuel de son chenal . Blondet prit le chemin
LES PAYSANS (IX, campagn)
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