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noix .
Au - delà , s' élève un château signé 1560 , en briques d' un beau rouge , avec des chaînes en pierre et des encadrements aux encoignures et aux croisées qui sont encore à petits carreaux ( ô Versailles ! ) .
La pierre est taillée en pointes de diamant , mais en creux comme au palais ducal de Venise dans la façade du pont des Soupirs .
Ce château n' a de régulier que le corps du milieu d' où descend un perron orgueilleux à double escalier tournant , à balustres arrondis , fins à leur naissance et à mollets épatés .
Ce corps de logis principal est accompagné de tourelles à clochetons où le plomb dessine ses fleurs , de pavillons modernes à galeries et à vases plus ou moins grecs .
Là , mon cher , point de symétrie .
Ces nids assemblés au hasard sont comme empaillés par quelques arbres verts dont le feuillage secoue sur les toits ses mille dards bruns , entretient les mousses et vivifie de bonnes lézardes où le regard s' amuse .
Il y a le pin d' Italie à écorce rouge avec son majestueux parasol ; il y a un cèdre âgé de deux cents ans , des saules pleureurs , un sapin du Nord , un hêtre qui le dépasse ; puis , en avant de la tourelle principale , les arbustes les plus singuliers , un if taillé qui rappelle quelque ancien jardin français détruit , des magnolias et des hortensias ; enfin , c' est les Invalides des héros de l' horticulture , tour à tour à la mode et oubliés , comme tous les héros .
" Une cheminée à sculptures originales et qui fumait à gros bouillons dans un angle , m' a certifié que ce délicieux spectacle n' était pas une décoration d' opéra . La cuisine y révélait des êtres vivants . Me vois - tu , moi Blondet , qui crois être en des régions polaires quand je suis à Saint - Cloud , au milieu de cet ardent paysage bourguignon ? Le soleil verse sa plus piquante chaleur , le martin - pêcheur est au bord de l' étang , les cigales chantent , le grillon crie , les capsules de quelques graines craquent , les pavots laissent aller leur morphine en larmes liquoreuses , tout se découpe nettement sur le bleu foncé de l' éther . Au - dessus des terres rougeâtres de la terrasse s' échappent les joyeuses flamberies de ce punch naturel qui grise les insectes et les fleurs , qui nous brûle les yeux et qui brunit nos visages . Le raisin se perle , son pampre montre un voile de fils blancs dont la délicatesse fait honte aux fabriques de dentelles . Enfin le long de la maison brillent des pieds d' alouettes bleus , des
LES PAYSANS (IX, campagn)
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