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Les dix - huit millions d' êtres que nous avons mis en dehors de la question se marient presque tous d' après le système que nous cherchons à faire prévaloir dans nos moeurs ; et , quant aux classes intermédiaires , par lesquelles nos pauvres bimanes soit séparés des hommes privilégiés qui marchant à la tête d' une nation , le nombre des enfant trouvés que ces classes demi - aisées livrent au malheur irait en croissant depuis la paix , s' il faut en croire M . Benoiston de Châteauneuf , l' un des plus courageux savants qui se soient voués aux arides et utiles recherches de la statistique .
Or , à quelle plaie profonde n' apportons - nous pas remède , si l' on songe à la multiplicité des bâtards que nous dénonce la statistique , et aux infortunes que nos calculs font soupçonner dans la haute société ? Mais il est difficile de faire apercevoir ici tous les avantages qui résulteraient de l' émancipation des filles .
Quand nous arriverons à observer les circonstances qui accompagnent le mariage tel que nos moeurs l' ont conçu , les esprits judicieux pourront apprécier toute la valeur du système d' éducation et de liberté que nous demandons pour les filles au nom de la raison et de la nature .
Le préjugé que nous avons en France sur la virginité des mariées est le plus sot de tous ceux qui nous restent .
Les Orientaux prennent leurs femmes sans s' inquiéter du passé et les enferment pour être plus certains de l' avenir ; les Français mettent les filles dans des espèces de sérails défendus par des mères , par des préjugés , par des idées religieuses ; et ils donnent la plus entière liberté à leurs femmes , s' inquiétant ainsi beaucoup plus du passé que de l' avenir .
Il ne s' agirait donc que de faire subir une inversion à nos moeurs .
Nous finirions peut - être alors par donner à la fidélité conjugale toute la saveur et le ragoût que les femmes trouvent aujourd' hui aux infidélités .
Mais cette discussion nous éloignerait trop de notre sujet s' il fallait examiner , dans tous ses détails , cette immense amélioration morale , que réclamera sans doute la France au vingtième siècle ; car les moeurs se réforment si lentement ! Ne faut - il pas pour obtenir le plus léger changement que l' idée la plus hardie du siècle passé soit devenue la plus triviale du siècle présent ? Aussi , est - ce en quelque sorte par coquetterie que nous avons effleuré cette question ; soit pour montrer qu' elle ne nous a pas échapper , soit pour léguer un ouvrage de plus à nos neveux ; et , de bon compte , voici le troisième : le premier concerne les courtisanes , et le second est la physiologie du plaisir :
Quand nous serons à dix , nous ferons une croix .
MARIAGE PHYSIOLOGIE (XI, analyt)
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