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Ce n' est pas tout encore : si votre belle - mère a mis sa fille en pension , croyez - vous que ce soit par intérêt pour sa fille ? Une demoiselle de douze à quinze ans est un terrible argus ; et , si la belle - mère ne voulait pas d' argus chez elle , je commence à soupçonner que madame votre belle - mère appartient inévitablement à la partie la plus douteuse de nos femmes honnêtes . Donc , en toute occasion , elle sera pour sa fille ou un fatal exemple ou un dangereux conseiller .
Arrêtons - nous ... , la belle - mère exige toute une Méditation .
Ainsi , de quelque côté que vous vous tourniez , le lit conjugal est , dans cette occurrence , également épineux .
Avant la Révolution , quelques familles aristocratiques envoyaient les filles au couvent . Cet exemple était suivi par nombre de gens qui s' imaginaient qu' en mettant leurs filles là où se trouvaient celles d' un grand seigneur , elles en prendraient le ton et les manières .
Cette erreur de l' orgueil était d' abord fatale au bonheur domestique ; puis les couvents avaient tous les inconvénients des pensionnats .
L' oisiveté y règne plus terrible . Les grilles claustrales enflamment l' imagination . La solitude est une des provinces les plus chéries du diable ; et l' on ne saurait croire quel ravage les phénomènes les plus ordinaires de la vie peuvent produire dans l' âme de ces jeunes filles rêveuses , ignorantes et inoccupées .
Les unes , à force d' avoir caressé des chimères , donnent lieu à des quiproquos plus ou moins bizarres . D' autres , s' étant exagéré le bonheur conjugal , se disent en elles - mêmes : " Quoi ! ce n' est que cela ! ... " quand elles appartiennent à un mari .
De toute manière l' instruction incomplète que peuvent acquérir les filles élevées en commun a tous les dangers de l' ignorance et tous les malheurs de la science .
Une jeune fille élevée au logis par une mère ou une vieille tante vertueuses , bigotes , aimables ou acariâtres ; une jeune fille dont les pas n' ont jamais franchi le seuil domestique sans être environnée de chaperons , dont l' enfance laborieuse a été fatiguée par des travaux même inutiles , à laquelle enfin tout est inconnu , même le spectacle de Séraphin , est un de ces trésors que l' on rencontre , çà et là , dans le monde , comme ces fleurs des bois environnées de tant de broussailles que les yeux mortels n' ont pu les atteindre .
Celui qui , maître d' une fleur si suave , si pure , la laisse cultiver par d' autres , a mérité mille fois son malheur .
C' est ou un monstre ou un sot .

MARIAGE PHYSIOLOGIE (XI, analyt)
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