----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----
" Et diantre , Joseph , tu n' es pas sans savoir que j' ai eu mes deux enfants à dix ans de distance ! Mlle Chevrel n' était pas belle , elle n' a cependant pas à se plaindre de moi . Fais donc comme moi . Enfin , ne pleure pas , es - tu bête ? Que veux - tu ? cela s' arrangera peut - être , nous verrons .
Il y a toujours moyen de se tirer d' affaire . Nous autres hommes nous ne sommes pas toujours comme des Céladons pour nos femmes .
Tu m' entends ? Mme Guillaume est dévote , et ... Allons , sarpejeu , mon enfant , donne ce matin le bras à Augustine pour aller à la messe . "
Telles furent les phrases jetées à l' aventure par Guillaume . La conclusion qui les terminait ravit l' amoureux commis : il songeait déjà pour Mlle Virginie à l' un de ses amis , quand il sortit du cabinet enfumé en serrant la main de son futur beau - père , après lui avoir dit , d' un petit air entendu , que tout s' arrangerait au mieux .
" Que va penser Mme Guillaume ? " Cette idée tourmenta prodigieusement le brave négociant quand il fut seul .
Au déjeuner , Mme Guillaume et Virginie , auxquelles le marchand drapier avait laissé provisoirement ignorer son désappointement , regardèrent assez malicieusement Joseph Lebas qui resta grandement embarrassé .
La pudeur du commis lui concilia l' amitié de sa belle - mère . La matrone redevint si gaie qu' elle regarda M . Guillaume en souriant , et se permit quelques petites plaisanteries d' un usage immémorial dans ces innocentes familles .
Elle mit en question la conformité de la taille de Virginie et de celle de Joseph , pour leur demander de se mesurer . Ces niaiseries préparatoires attirèrent quelques nuages sur le front du chef de famille , et il afficha même un tel amour pour le décorum , qu' il ordonna à Augustine de prendre le bras du premier commis en allant à Saint - Leu .
Mme Guillaume , étonnée de cette délicatesse masculine , honora son mari d' un signe de tête d' approbation .
Le cortège partit donc de la maison dans un ordre qui ne pouvait suggérer aucune interprétation malicieuse aux voisins .
MAISON CHAT PELOTE (I, privé)
Page: 64