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- Vous arrivez à propos pour coter et parapher toutes ces pièces , lui dit le banquier en lui montrant le festin .
- Il n' y a pas de testament à faire , mais pour des contrats de mariage , peut - être ! dit le savant qui pour la première fois depuis un an s' était supérieurement marié .
- Oh ! oh !
- Ah ! ah !
- Un instant , répliqua Cardot assourdi par un choeur de mauvaises plaisanteries , je viens ici pour affaire sérieuse . J' apporte six millions à l' un de vous . ( Silence profond . ) Monsieur , dit - il en s' adressant à Raphaël , qui , dans ce moment , s' occupait sans cérémonie à s' essuyer les yeux avec un coin de sa serviette , madame votre mère n' est - elle pas une demoiselle O' Flaharty ?
- Oui , répondit Raphaël assez machinalement , Barbe - Marie .
- Avez - vous ici , reprit Cardot , votre acte de naissance et celui de Mme de Valentin ?
- Je le crois .
- Eh ! bien , monsieur , vous êtes seul et unique héritier du major O' Flaharty , décédé en août 1828 , à Calcutta .
- C' est une fortune incalcuttable ! s' écria le jugeur .
- Le major ayant disposé par son testament de plusieurs sommes en faveur de quelques établissements publics , sa succession a été réclamée à la Compagnie des Indes par le gouvernement français , reprit le notaire .
Elle est en ce moment liquide et palpable . Depuis quinze jours je cherchais infructueusement les ayants cause de la demoiselle Barbe - Marie O' Flaharty , lorsque hier à table ... "
En ce moment , Raphaël se leva soudain en laissant échapper le mouvement brusque d' un homme qui reçoit une blessure . Il se fit comme une acclamation silencieuse , le premier sentiment des convives fut dicté par une sourde envie , tous les yeux se tournèrent vers lui comme autant de flammes .
Puis , un murmure , semblable à celui d' un parterre qui se courrouce , une rumeur d' émeute commença , grossit , et chacun dit un mot pour saluer cette fortune immense apportée par le notaire .

PEAU DE CHAGRIN (X, philo)
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