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On peut imaginer en quelle anxiété il fut en attendant le retour de la veuve Cardinal , à qui ce profond ourdisseur de trames ténébreuses avait donné les moyens de vérifier ses soupçons sur l' existence du trésor et à qui sa dernière phrase avait promis tout , si elle voulait s' en remettre à lui du soin de recueillir cette moisson . Il n' était pas homme à reculer devant un crime , surtout quand il voyait chance à le faire commettre par autrui , tout en s' en appliquant les bénéfices .
Et il achetait alors la maison de la rue Geoffroy - Marie et il se voyait enfin bourgeois de Paris , capitaliste en état d' entreprendre de belles affaires !
" Mon cher Benjamin , dit la revendeuse de marée en abordant Cérizet d' un visage enflammé par la rapidité de la course et par la cupidité , mon oncle couche sur plus de cent mille francs en or ! ... Et je suis certaine que les Perrache , sous couleur de le soigner , ont reluqué le magot ! ...
- Cette fortune - là , dit Cérizet , partagée entre quarante héritiers ne donnerait pas grand - chose à chacun . Écoutez , mère Cardinal ! ... J' épouse votre fille , donnez - lui l' or de votre oncle en dot , et je vous laisserai la rente et la maison ... en usufruit .
- Nous ne courrons aucun risque ? ...
- Aucun .
- C' est fait ! dit Mme veuve Cardinal , quelle belle vie ça me fera six mille francs de rentes .
- Et un gendre comme moi , donc , s' écria Cérizet .
- Je serai donc Bourgeoise de Paris ! ... dit la Cardinal .
- Maintenant , reprit Cérizet après une pause pendant laquelle le gendre et la belle - mère s' embrassèrent , je dois aller étudier le terrain . Ne quittez plus la place et vous annoncerez aux portiers que vous attendez un médecin , le médecin , ce sera moi , n' ayez pas l' air de me connaître .
- Es - tu futé , gros drôle ! " dit la mère Cardinal en donnant une tape au ventre de Cérizet en façon d' adieu .

LES PETITS BOURGEOIS (VIII, paris)
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