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aux magasins de Barbet . Derrière l' escalier s' étend , du côté du jardin , un magnifique cabinet long à deux croisées . Le premier et le second étage forment deux appartements complets , et les logements de domestiques sont indiqués sous le comble à quatre pans par les oeils - de - boeuf .
Un magnifique poêle orne la vaste antichambre carrée dont les deux portes vitrées en face l' une de l' autre y répandent la clarté .
Cette pièce dallée en marbre blanc et noir se recommande par un plafond à solives en saillie , jadis peintes et dorées , mais qui , sous l' Empire sans doute , reçurent une couche de peinture blanche , uniforme .
En face du poêle est une fontaine en marbre rouge à bassin de marbre . Les trois portes du cabinet , du salon et de la salle à manger offrent des dessus à cadres ovales dont les peintures attendent une restauration plus que nécessaire .
La menuiserie est lourde , mais les ornements ne sont pas sans mérite . Le salon entièrement boisé rappelle le grand siècle , et par sa cheminée en marbre de Languedoc et par son plafond orné dans les angles , et par la forme des fenêtres , encore à petits carreaux .
La salle à manger à laquelle on communique du salon par une porte à deux battants est dallée en pierre , les boiseries tout en chêne sans peintures et l' atroce papier moderne a remplacé les tapisseries du vieux temps .
Le plafond est en châtaignier à caissons qu' on a respectés . Le cabinet , modernisé par Thuillier , ajoute à toutes les discordances .
L' or et le blanc des moulures du salon sont si bien passés qu' on ne voit plus que des lignes rouges à la place de l' or , et le blanc jauni , rayé , s' écaille .
Jamais les mots latins otium cum dignitate n' ont eu de plus beau commentaire aux yeux d' un poète que dans cette noble habitation . La serrurerie de la rampe dans l' escalier est d' un caractère digne du magistrat et de l' artiste , mais pour retrouver leurs traces aujourd' hui dans les balcons ouvragés du premier étage , dans les restes de cette majestueuse antiquité , les yeux d' un observateur poète sont nécessaires .

LES PETITS BOURGEOIS (VIII, paris)
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