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Mais il fallut un jour partir pour la Russie
Sur les pas du grand Empereur .
Rien de plus délicat que la peinture des adieux de l' Espagnole et du capitaine d' artillerie normand qui , dans le délire d' une passion rendue avec un sentiment digne de Byron , exigeait de Paquita une promesse de fidélité absolue , dans la cathédrale de Rouen , à l' autel de la Vierge , qui
Quoique vierge est femme , et jamais ne pardonne
Aux traîtres à serments d' amour .
Une grande portion du poème était consacrée à la peinture des souffrances de Paquita seule dans Rouen , attendant la fin de la campagne ; elle se tordait aux barreaux de ses fenêtres en voyant passer de joyeux couples , elle contenait l' amour dans son coeur avec une énergie qui la dévorait , elle vivait de narcotiques , elle se dépensait en rêves !
Elle faillit mourir , mais elle fut fidèle .
Quand son soldat fut de retour ,
à la fin de l' année il retrouva la belle
Digne encor de tout son amour .
Mais lui , pâle et glacé par la froide Russie
Jusque dans la moelle des os ,
Accueillit tristement sa languissante amie ...
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le poème avait été conçu pour cette situation exploitée avec une verve , une audace qui donnait un peu trop raison à l' abbé Duret . Paquita , en reconnaissant les limites où finissait l' amour , ne se jetait pas , comme Héloïse et Julie , dans l' infini , dans l' idéal ; non , elle allait , ce qui peut - être est atrocement naturel , dans la voie du Vice , mais sans aucune grandeur , faute d' éléments , car il est difficile de trouver à Rouen des gens assez passionnés pour mettre une Paquita dans son milieu de luxe et d' élégance .
Cette affreuse réalité , relevée par une sombre poésie , avait dicté quelques - unes de ces pages dont abuse la Poésie moderne , et un peu trop semblables à ce que les peintres appellent des écorchés .

MUSE DU DEPARTEMENT (IV, provinc)
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