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Une magnifique description de Rouen , où Dinah n' était jamais allée , faite avec cette brutalité postiche qui dicta plus tard tant de poésies juvénalesques , opposait la vie des cités industrielles à la vie nonchalante de l' Espagne , l' amour du ciel et des beautés humaines au culte des machines , enfin la poésie à la spéculation .
Et Jan Diaz expliquait l' horreur de Paquita pour la Normandie en disant :
Paquita , voyez - vous , naquit dans la Séville
Au bleu ciel , aux soirs embaumés ;
Elle était , à treize ans , la reine de sa ville ,
Et tous voulaient en être aimés .
Oui , trois toréadors se firent tuer pour elle ;
Car le prix du vainqueur était
Un seul baiser à prendre aux lèvres de la belle
Que tout Séville convoitait .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le poncif du portrait de la jeune Espagnole a servi depuis à tant de courtisanes dans tant de prétendus poèmes qu' il serait fastidieux de reproduire ici les cent vers dont il se compose . Mais , pour juger des hardiesses auxquelles Dinah s' était abandonnée , il suffit d' en donner la conclusion .
Selon l' ardente Mme de La Baudraye , Paquita fut si bien créée pour l' amour qu' elle pouvait difficilement rencontrer des cavaliers dignes d' elle ; car ,
. . . . . . . dans sa volupté vive ,
On les eût vus tous succomber ,
Quand au festin d' amour , dans son humeur lascive ,
Elle n' eût fait que s' attabler .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Elle a pourtant quitté Séville la joyeuse ,
Ses bois et ses champs d' orangers ,
Pour un soldat normand qui la fit amoureuse
Et l' entraîna dans ses foyers .
Elle ne pleurait rien de son Andalousie ,
Ce soldat était son bonheur !
MUSE DU DEPARTEMENT (IV, provinc)
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